Nos coups de cœur de cette semaine, Gal Shahar et Luis Carmo, créent avec une grande sensibilité d’esprit. Chez l’une, la photographie est pareille à un voyage initiatique, quand l’autre la perçoit également comme une manière de partager des énergies.
Gal Shahar
« À travers l’émerveillement et la déconnexion, j’explore l’interaction entre l’imagination et la réalité par le biais de la photographie. En tant qu’artiste, je photographie le corps humain pour exprimer des émotions et des sentiments. Je trouve la forme humaine captivante. J’aime représenter le corps féminin comme un ensemble magnifique qui combine à la fois le physique et le spirituel. Par conséquent, je veux souligner l’intimité de la connexion entre ces deux aspects », confie Gal Shahar. Née à Tel-Aviv, en Israël, c’est à l’âge de 12 ans qu’elle découvre pour la première fois au collège le concept de la chambre noire. Fascinée par la magie du processus, elle entame alors son périple photographique, capturant avec simplicité son monde tel qu’il lui apparaît. De ses inspirations littéraires et poétiques, comme Paul Auster ou Fernando Pessoa, naissent des images chargées d’une douceur onirique, où ombre et lumière révèlent des histoires enchevêtrées. « Je cherche à capturer des histoires inexprimées, celles qui n’ont peut-être pas été partagées auparavant. Elles me ramènent à des endroits que j’ai visités ou rencontrés, et dont je ne me suis peut-être pas souvenue consciemment. Un souvenir fugace peut faire surface, déclenché par un détail apparemment sans importance, comme un pli dans un drap. L’origine de ces souvenirs reste souvent un mystère, mais le processus de réflexion est ce qui rend chaque voyage photographique profond et captivant », conclut-elle.
Luis Carmo
Artiste visuel portugais originaire d’Algarve, Luis Carmo s’est épris de la photographie de manière instinctive. De son enfance passée à contempler les paysages maritimes de Tavira – sa ville natale –, à décortiquer les mouvements de la nature et le langage corporel des passant·es, il a finalement trouvé dans le médium l’art de figer le monde avec authenticité. D’une grande ouverture d’esprit, et d’un profond intérêt pour le vivant, il capture ainsi ce qu’il voit ou ressent afin de prendre davantage conscience de ce qui l’entoure, tout comme ce qui le dépasse. Après des études au London College of Fashion (UAL), d’où il s’initie à la photographie de mode, il étend son champ de créativité et de possibilités en développant sa spiritualité grâce à une formation de reiki – une technique de guérison par l’énergie. Poète à ses heures perdues, il nous livre ici un aperçu de son univers photographique, où les couleurs irradient le passage des êtres :
« Orange »
Lointaine,
Pourtant si affectueuse.
Goût amer,
Mais si doux.
Force terrestre,
Avec un côté obscur.
Irradie l’espoir,
Par une lumière temporaire.
Si peu familière,
Et assez familière
Comme c’est étrange
De brûler la mer,
Dans ce feu aquatique ?