Cette semaine, Marie Le Moigne et Alice Faivre-Menot, alias FAME, nos deux coups de cœur #457, font du médium un moyen d’expérimentation. Chez l’une cela passe davantage par une recherche introspective, quand l’autre s’attache à décortiquer et réinventer les choses qu’elle perçoit autour d’elle.
Marie Le Moigne
Après des études en typographie, édition et photographie de l’école de recherche graphique à Bruxelles, Marie Le Moigne, enseigne désormais le design et métier d’art dans le sud du Finistère. Artiste protéiforme, naviguant entre images, vidéo et écriture, elle multiplie les combinés artistiques et fait dialoguer les approches. Pareil à un refuge, la photographie protège son âme des tourments, l’englobe dans un espace réconfortant, à l’abri des orages extérieurs. Ici, pourtant, elle y présente aussi tout ce qui la mue, ses peurs comme ses rêveries, y offre son corps et présente « des fragments de son être » invitant celles et ceux qui regardent à entrer dans son intimité. « Les thèmes que j’explore actuellement résonnent avec les mots suivants : la folie, la psychanalyse, la féminité, le corps/les organes/la nudité, l’intime, mélancolie… La photographie est comme une thérapie pour moi, elle est vitale. Parfois, à fleur de peau, les figures sont presque toujours féminines, tels des autoportraits racontant une histoire où le temps est suspendu », avoue-t-elle. Inspirée par la plume désarmante de Marguerite Duras, ou par la puissance de propos et l’étrangeté graphique des images de Francesca Woodman, Marie Le Moigne écrit à sa manière de courts poèmes visuels, des élégies aux couleurs enivrantes, déroutantes.
« Par la fenêtre de la chambre, j’observe un paysage parfois en mouvement, parfois statique.
Des instants en suspens, j’attends.
Le temps s’étire, des abstractions répétitives entourent les jours et les nuits.
Contempler, attendre, être hors du temps, intemporel(le)…
S’autoriser l’absence psychique, rêver. Se laisser voguer sur l’océan des chimères.
Prendre le temps. Le saisir, l’occuper ou au contraire laisser le vide prendre place.
Regarder, sentir, ressentir… Respirer.
Escale érotique. Se laisser envahir par l’instant.
Un instant suspendu.
Un instant qui se révèle à la lumière de la photographie qui se développe. »
Alice Faivre-Menot, alias FAME
Photographe autodidacte, ayant eu plusieurs « vies » : du retail dans le luxe, à la création, en passant par le conseil dans l’innovation, Alice Faivre-Menot, alias FAME, construit un univers reflet de toutes ses expériences et préoccupations. « Dans la vie comme dans mon travail artistique, c’est le principe de sérendipité qui me guide. C’est ce que je souhaite retranscrire à travers ma démarche artistique. Mes créations sont le fruit d’incidents dont je me suis saisie, qui me mènent à de nouveaux accidents, à de nouvelles expérimentations », confie-t-elle. Libre, instinctive et dans un état d’esprit primitif, elle capte une première fois ce qui l’émeut, lui parle ou tout simplement apparaît dans son champ de vision. Après quoi elle retravaille, retouche, étire, démultiplie les formes, rajoute d’autres nuances pour apporter de nouvelles couches de compréhension. « À mes yeux, tout est une potentielle source d’inspiration, car ce qui me stimule, c’est le mélange des styles et techniques. J’ai l’impression d’être plutôt comme dans un labo expérimental dans lequel je cherche, je mélange, je teste… et chaque expérimentation me mène à une autre ». En ressort des créations vibrantes, mouvantes et éclectiques. Kaléidoscopes humains ou créations cubistes, ses images nous ouvrent les portes d’un monde métaphorique, où le réel disparaît peu à peu. « Les couleurs sont au cœur de mon travail artistique. Je crois en leur pouvoir émotionnel et en leur capacité d’évoquer des sentiments profonds. Il me semble que chaque couleur porte en elle une énergie particulière. Je me suis d’ailleurs beaucoup intéressée à la symbolique dans différents domaines, dont la spiritualité, notamment au niveau des chakras. Mon objectif est de susciter une réponse émotionnelle chez le·a spectateurice plus qu’intellectuelle, de l’inviter à se (re)connecter à ses sensations », conclut-elle.