Les coups de cœur #457 : Marie Le Moigne et Alice Faivre-Menot

04 septembre 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #457 : Marie Le Moigne et Alice Faivre-Menot
© Marie Le Moigne et Maëva Borg / revue Virevoltes

Cette semaine, Marie Le Moigne et Alice Faivre-Menot, alias FAME, nos deux coups de cœur #457, font du médium un moyen d’expérimentation. Chez l’une cela passe davantage par une recherche introspective, quand l’autre s’attache à décortiquer et réinventer les choses qu’elle perçoit autour d’elle.

© Marie Le Moigne
© Marie Le Moigne
© Marie Le Moigne
© Marie Le Moigne et Maëva Borg / ©  Revue Virevoltes (@virevoltes)

Marie Le Moigne

Après des études en typographie, édition et photographie de l’école de recherche graphique à Bruxelles, Marie Le Moigne, enseigne désormais le design et métier d’art dans le sud du Finistère. Artiste protéiforme, naviguant entre images, vidéo et écriture, elle multiplie les combinés artistiques et fait dialoguer les approches. Pareil à un refuge, la photographie protège son âme des tourments, l’englobe dans un espace réconfortant, à l’abri des orages extérieurs. Ici, pourtant, elle y présente aussi tout ce qui la mue, ses peurs comme ses rêveries, y offre son corps et présente « des fragments de son être » invitant celles et ceux qui regardent à entrer dans son intimité. « Les thèmes que j’explore actuellement résonnent avec les mots suivants : la folie, la psychanalyse, la féminité, le corps/les organes/la nudité, l’intime, mélancolie… La photographie est comme une thérapie pour moi, elle est vitale. Parfois, à fleur de peau, les figures sont presque toujours féminines, tels des autoportraits racontant une histoire où le temps est suspendu », avoue-t-elle. Inspirée par la plume désarmante de Marguerite Duras, ou par la puissance de propos et l’étrangeté graphique des images de Francesca Woodman, Marie Le Moigne écrit à sa manière de courts poèmes visuels, des élégies aux couleurs enivrantes, déroutantes.

« Par la fenêtre de la chambre, j’observe un paysage parfois en mouvement, parfois statique.
Des instants en suspens, j’attends.
Le temps s’étire, des abstractions répétitives entourent les jours et les nuits.
Contempler, attendre, être hors du temps, intemporel(le)…
S’autoriser l’absence psychique, rêver. Se laisser voguer sur l’océan des chimères.
Prendre le temps. Le saisir, l’occuper ou au contraire laisser le vide prendre place.
Regarder, sentir, ressentir… Respirer.
Escale érotique. Se laisser envahir par l’instant.
Un instant suspendu.
Un instant qui se révèle à la lumière de la photographie qui se développe. »

© Marie Le Moigne
© Marie Le Moigne

© Alice Faivre-Menot, alias FAME
© Alice Faivre-Menot, alias FAME
© Alice Faivre-Menot, alias FAME

Alice Faivre-Menot, alias FAME

Photographe autodidacte, ayant eu plusieurs « vies » : du retail dans le luxe, à la création, en passant par le conseil dans l’innovation, Alice Faivre-Menot, alias FAME, construit un univers reflet de toutes ses expériences et préoccupations. « Dans la vie comme dans mon travail artistique, c’est le principe de sérendipité qui me guide. C’est ce que je souhaite retranscrire à travers ma démarche artistique. Mes créations sont le fruit d’incidents dont je me suis saisie, qui me mènent à de nouveaux accidents, à de nouvelles expérimentations », confie-t-elle. Libre, instinctive et dans un état d’esprit primitif, elle capte une première fois ce qui l’émeut, lui parle ou tout simplement apparaît dans son champ de vision. Après quoi elle retravaille, retouche, étire, démultiplie les formes, rajoute d’autres nuances pour apporter de nouvelles couches de compréhension. « À mes yeux, tout est une potentielle source d’inspiration, car ce qui me stimule, c’est le mélange des styles et techniques. J’ai l’impression d’être plutôt comme dans un labo expérimental dans lequel je cherche, je mélange, je teste… et chaque expérimentation me mène à une autre ». En ressort des créations vibrantes, mouvantes et éclectiques. Kaléidoscopes humains ou créations cubistes, ses images nous ouvrent les portes d’un monde métaphorique, où le réel disparaît peu à peu. « Les couleurs sont au cœur de mon travail artistique. Je crois en leur pouvoir émotionnel et en leur capacité d’évoquer des sentiments profonds. Il me semble que chaque couleur porte en elle une énergie particulière. Je me suis d’ailleurs beaucoup intéressée à la symbolique dans différents domaines, dont la spiritualité, notamment au niveau des chakras. Mon objectif est de susciter une réponse émotionnelle chez le·a spectateurice plus qu’intellectuelle, de l’inviter à se (re)connecter à ses sensations », conclut-elle.

© Alice Faivre-Menot, alias FAME
© Alice Faivre-Menot, alias FAME
© Alice Faivre-Menot, alias FAME
À lire aussi
Les coups de cœur #456 : Valentina Funes et Victor Berthoud
© Victor Berthoud
Les coups de cœur #456 : Valentina Funes et Victor Berthoud
Valentina Funes et Victor Berthoud, nos deux coups de cœur, enchantent leur quotidien. Pour l’une, cela passe dans la création d’un doux…
28 août 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Les coups de cœur #455 : Luca Ianelli et Loïc Vendrame
© Luca Ianelli
Les coups de cœur #455 : Luca Ianelli et Loïc Vendrame
Cette semaine, Luca Ianelli et Loïc Vendrame, nos deux coups de cœur #455, analysent leur environnement en pleine conscience. Pour l’un…
21 août 2023   •  
Écrit par Ana Corderot
Explorez
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
© Diane Velex
Les coups de cœur #529 : Diane Velex et Sára Kölcsey
Diane Velex et Sára Kölcsey, nos coups de cœur de la semaine, expriment leurs émotions à travers l’objectif. La première dévoile ses...
27 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
© Balázs Turós
Balázs Turós et le quotidien de sa grand-mère atteinte de démence
Confronté à la maladie de sa grand-mère et à ses propres questionnements existentiels, le photographe hongrois Balázs Turós sonde l’âme...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Agathe Kalfas
La sélection Instagram #490 : jardin secret
© Talya Brott / Instagram
La sélection Instagram #490 : jardin secret
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine confectionnent un nid douillet. Sur leurs images se dévoilent un cocon familial...
21 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Marion Brun : faire résonner l’écho de la nuit et de la couleur
© Marion Brun
Marion Brun : faire résonner l’écho de la nuit et de la couleur
Photographe grenobloise installée à Arles, Marion Brun explore dans sa série echos, la complémentarité des couleurs et des textures, le...
17 janvier 2025   •  
Écrit par Hugo Mangin
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Focus : emprise, kidnapping et fulguration
© Anna Szkoda
Focus : emprise, kidnapping et fulguration
Créé par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant qui permet de découvrir une série photo en étant guidé·e par la...
29 janvier 2025   •  
Dans Fisheye, les photographes dessinent le Royaume-Uni de demain
© Theo McInnes
Dans Fisheye, les photographes dessinent le Royaume-Uni de demain
Enjeux sociétaux, crise environnementale, représentation du genre… Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le...
29 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dennis Morris : au nom de la musique et de l'amour
The Abyssinians, outake from the photo shoot for the album Arise 1977 © Dennis Morris
Dennis Morris : au nom de la musique et de l’amour
Du 5 février au 18 mai 2025, la Maison européenne de la photographie présente une exposition de Dennis Morris, photographe emblématique...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
© Thomas Cheung / Instagram
La sélection Instagram #491 : calendrier de la lune
C’est sous le signe du Serpent de bois, incarnant la sagesse et la réflexion, que s’ouvre la nouvelle année lunaire. Les artistes de...
28 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger