Les coups de cœur #467 : Lucas Frangella et Chloé Destuynder

Les coups de cœur #467 : Lucas Frangella et Chloé Destuynder
© Chloé Destuynder
© Lucas Frangella

L’argentique unit les deux univers emplis de sensibilité de Lucas Frangella et Chloé Destuynder, nos coups de cœur de la semaine. Tandis que l’un capture des natures mortes pour voyager dans l’inconscient, l’autre réalise des portraits créatifs tout en laissant exprimer ses émotions.

Lucas Frangella

« Je pense faire partie de la dernière génération qui a grandi avec la photographie argentique et tout ce que cela évoque : l’attente du développement, les images sur un support papier, les rouleaux des négatifs… Je m’en souviens encore, j’adorais les moments de partage autour des albums et la découverte de clichés de famille, notamment ceux où mes grands-parents étaient jeunes », commence Lucas Frangella. Originaire d’Argentine et désormais installé en France, l’artiste de 32 ans adopte une approche dans laquelle le souvenir se cultive en bouquets vaporeux, qui finissent toujours par s’étioler. À l’aide de son boîtier Polaroïd – outil dont les couleurs et la profondeur de champ résonnent avec sa conception de la beauté –, il se livre ainsi à un voyage dans l’inconscient. « Les souvenirs cohabitent en moi et peuvent parfois construire une réalité parallèle dans mon quotidien. C’est-à-dire que je peux m’absenter quelques secondes, souvent quand je suis seul, et voir défiler les images dans ma tête. C’est peut-être une manière pour moi de contrebalancer l’angoisse du temps qui passe et de vivre à ma guise les évènements », étaye-t-il. Au cœur de cet espace fertile, celui ou celle qui contemple est libre d’interpréter les clichés à sa façon pour mieux laisser jaillir les propres histoires qui l’animent.

© Lucas Frangella
© Lucas Frangella
© Lucas Frangella
© Lucas Frangella
© Lucas Frangella
© Chloé Destuynder

Chloé Destuynder

Composer des portraits créatifs et rêveurs permet à Chloé Destuynder d’exprimer ses émotions. Alors qu’elle se prédestinait au théâtre, c’est lors de ses études au cours Florent qu’elle intensifie sa pratique de l’argentique tout en cultivant son univers. « D’une certaine manière, c’est mon parcours de comédienne qui m’a permis de développer ma créativité photographique et ma légitimité à raconter des histoires par ce format », constate l’artiste âgée de 27 ans. Après avoir obtenu son diplôme en 2019, la photographe se consacre entièrement au médium. Aussi réfléchis qu’instinctifs, ses portraits nous emmènent dans un univers presque cinématographique, où les protagonistes se fondent dans des contes inventés de toutes pièces. Un réel jeu de perception des visages se met alors en place. Ces derniers se retrouvent, pour la plupart, embués ou dissimulés à l’aide de divers stratagèmes, puis certains réapparaissent, par exemple, sur un écran de télévision ou à travers du plastique déchiré. Pour construire ces clichés oniriques et le langage commun qui la lie à ses modèles, Chloé Destuynder s’inspire du cinéma, de la musique, des gens, et de manière générale, de la vie. Elle conclut : « Je considère que tout ce qui nous entoure peut être un terrain de jeu pour la créativité. »

© Chloé Destuynder
© Chloé Destuynder
© Chloé Destuynder
© Chloé Destuynder
Explorez
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
© Claudia Revidat
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
Les sujets de Claudia Revidat et Sarah Carrier, nos coups de cœur de la semaine, se révèlent dans des teintes chaudes. La première...
16 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nicolas Serve : en cure et à cri
© Nicolas Serve
Nicolas Serve : en cure et à cri
Dans Les Abîmés, Nicolas Serve poursuit son travail sur la dépendance à certaines substances. Ici, il raconte la cure de désintoxication...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Nos derniers articles
Voir tous les articles
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine