Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor

Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor
© Salome Jishkariani
© Salome Jishkariani

Salome Jishkariani et Luthor, nos coups de cœur de cette semaine, emploient le 8e art pour sonder le monde qui les environne. Si la première s’accroche à des thèmes tels que la fertilité et le vieillissement féminin, le second s’attache davantage à proposer des formes nouvelles et à repenser les contextes d’exposition de l’œuvre photographique.

Salome Jishkariani

Enfant, Salome Jishkariani a été marquée par la répétition propre aux albums de famille. Au fil des pages, les poses se rejouent, les mêmes arrière-plans reviennent. La dimension culturelle et sociale de cette récurrence l’intrigue et infuse aujourd’hui sa pratique artistique. « Au départ, mon intention était simple : étudier l’essence de mon être sous une forme tangible. Cependant, au fur et à mesure que j’avançais dans cette exploration, j’ai découvert des thèmes qui méritaient d’être approfondis. Le projet étant envisagé comme un livre de photos, j’ai commencé à expérimenter la création de diptyques, en associant intuitivement deux tirages qui se complètent l’un l’autre », explique-t-elle. S’attardant tout d’abord sur sa féminité, la photographe géorgienne s’est livrée à une réflexion sur la fertilité, le vieillissement et la sensualité par le biais de « fragments prélevés de manière chirurgicale ». Cet autoportrait se présente alors sous la forme d’une mosaïque qui peut sembler paradoxale en certains aspects. « Cette approche peut être considérée comme une appropriation des regards, remettant en cause l’objectivation traditionnelle du corps des femmes. Mais se concentrer uniquement sur des parties isolées peut également être perçu comme une perpétuation de ces mêmes regards. Ici, il s’agit en quelque sorte de tisser un dialogue au sein de cette dichotomie », affirme-t-elle.

© Salome Jishkariani
© Salome Jishkariani
© Salome Jishkariani
© Salome Jishkariani
© Salome Jishkariani
© Luthor / Fisheye

Luthor

Photographe suisse, Luthor, de son vrai nom Romain Farine, se définit comme « atypique ». Plus jeune, il pratiquait le beatbox avec un groupe de musique ; lorsque celui-ci s’est séparé, la photographie s’est imposée à lui comme un nouvel outil d’exploration, qu’il apprend alors en autodidacte. Désormais, Luthor tente de « faire avancer les choses », en proposant de nouvelles approches de la photographie de rue, du portrait, du paysage et de concert. Sa grande liberté l’amène, parfois, à accrocher ses images dans les rues de certaines villes en Suisse, permettant à chacun et chacune d’avoir accès à son œuvre et questionnant de cette manière la place de l’art dans les institutions. Sans s’attacher à un thème en particulier, il se laisse guider par ses intuitions, et joue avec les formes et les couleurs au gré de celles-ci.

© Luthor / Fisheye
© Luthor / Fisheye
© Luthor / Fisheye
© Luthor / Fisheye
© Luthor / Fisheye
À lire aussi
Señoras in Places : ode à la vieillesse 
© Cruz Caruso
Señoras in Places : ode à la vieillesse 
Les dames du monde entier se dévoilent sous leur meilleur angle sur le site internet de Señoras in Places. Réalisé par Cruz Caruso, ce…
06 février 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La Street tient le haut du pavé
La Street tient le haut du pavé
Jean-Christophe Béchet est un infatigable photographe marcheur qui arpente les grandes villes du monde depuis plusieurs décennies pour y…
14 juin 2022   •  
Écrit par Eric Karsenty
Explorez
Dans l’œil de Zoé Isle de Beauchaine : des produits pharmaceutiques sublimés
Mieux Vivre, Le Bain, août 1936 Photographie de Paul Wolff
Dans l’œil de Zoé Isle de Beauchaine : des produits pharmaceutiques sublimés
Aujourd’hui, plongée dans les pages d’une ancienne revue pharmaceutique. Dans le cadre de l’exposition Années 1930 et modernité : l’âge...
18 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Lux : la naissance d’un rendez-vous photographique
© Deanna Dikeman
Lux : la naissance d’un rendez-vous photographique
Pour son premier évènement, le tout nouveau Réseau Lux nous en met plein la vue en investissant les murs d’un ancien bureau de poste du...
15 novembre 2024   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
© Cecilia Pignocchi. Tempo Bello
Les coups de cœur #518 : Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau
Cecilia Pignocchi et Emma Corbineau, nos coups de cœur de la semaine, dévoilent un cabinet de curiosités constitué de souvenirs et de...
11 novembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
© Antoine De Winter Courtesy Hangar Gallery
Approche 2024 ou l’art de mettre en scène
Du 7 au 10 novembre 2024, le Salon Approche présente sa 8e édition. Au 40 rue de Richelieu, à Paris, quinze expositions personnelles...
07 novembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
© Austn Fischer
Mode et séduction : Austn Fischer allie art et Tinder
Installé à Londres, Austn Fischer puise dans les ressorts de la communauté LGBTQIA+ pour interroger les notions traditionnelles de genre....
Il y a 4 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Elie Monferier : visible à la foi
© Elie Monferier
Elie Monferier : visible à la foi
À travers Sanctuaire – troisième chapitre d’un projet au long cours – Elie Monferier révèle, dans un noir et blanc pictorialiste...
Il y a 9 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Visions d'Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
© Alex Turner
Visions d’Amérique latine : la séance de rattrapage Focus !
Des luttes engagées des catcheuses mexicaines aux cicatrices de l’impérialisme au Guatemala en passant par une folle chronique de...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
© Richard Pak
Richard Pak tire le portrait de l’île Tristan da Cunha
Avec Les îles du désir, Richard Pak pose son regard sur l’espace insulaire. La galerie Le Château d’Eau, à Toulouse accueille, jusqu’au 5...
20 novembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina