Dans nos coups de cœur de la semaine, Mirielle A. Rohr et Linda Zhengová composent les étapes d’une vie en mutation. Leurs images révèlent des expériences personnelles et une volonté de se connecter à l’autre, soit par la fiction, soit par une étonnante quête de la définition du bonheur.
Mirielle A. Rohr
Mirielle Rohr sculpte, dans sa chambre noire, à coup de couleurs vives, des récits intimes où culture internet, métaphores contemporaines et remise en question de soi et du monde environnement s’entremêlent. « Mon travail porte beaucoup sur les relations humaines, que ce soit avec des proches ou des étrangers. J’essaie de les réunir les uns avec les autres », raconte l’étudiante en Master de photographie à l’École cantonale d’art de Lausanne. Dans Shift, elle compose l’histoire surréaliste d’une jeune femme vivant à la campagne, dans une maison aux allures intemporelles. À travers le feu, l’eau et les fleurs, cette femme, dont les traits sont ceux de l’actrice parisienne Marion Limosin, voyage parmi les différentes vies, les différents chapitres de l’existence dans un corps qui reste inchangé. « Nous vivons plusieurs phases dans une vie et nous sommes en constante évolution. Comme j’ai changé radicalement au cours de l’année écoulée, cette histoire a eu une résonance personnelle pour moi » confesse la photographe.
Linda Zhengová
« Qu’est-ce que signifie le bonheur ? » C’est une question que se pose constamment Linda Zhengová. En mai 2022, la photographe et écrivaine décide de quitter son studio à la Haye. Derrière ce choix, pas de raison particulière, ne serait-ce simplement que « je n’étais pas heureuse » confie-t-elle. Débute alors une vie de nomade à Amsterdam qui la transporte d’appartements en appartements et de canapés en canapés. Cette mobilité, Linda Zhengová la voit comme une manière de faire de nouvelles rencontres et d’explorer de nouvelles énergies. « J’aime photographier avec des inconnu·es, car il y a toujours une tension entre moi et ces personnes, cela me donne de l’espace pour imaginer, pour me projeter sur elles tout en découvrant leur essence. C’est un processus à double sens qui contient beaucoup de spontanéité et une forte connexion », raconte-t-elle. Son aventure se dessine sur le papier autant sous forme d’image que de mots. Face au présent, face à ses interactions avec des étranger·ères, et face aux contradictions d’une vie d’errance, sa définition du bonheur se mue, lui permettant une réflexion sur sa propre quête, au niveau le plus profond.