Camille Airvault et Marie Léa Regales, nos coups de cœur de la semaine, plongent dans la beauté des paysages de nature. Si la première y voit une contemplation des émotions, la seconde s’y perd pour en dévoiler leur essence. Mais les deux photographes, dans une spontanéité choisie, saisissent avec délicatesse les instants en suspens dans un bosquet ou sur une route.
Camille Airvault
« Petite, j’aurais aimé être comme la fille dans le dessin animé Franny et les chaussures magiques, confie Camille Airvault. Elle vivait ses aventures à travers le monde entier, et sans chercher à capturer quoi que ce soit, ses souvenirs atterrissaient dans un de ses souliers. » Sa pratique photographique prend source dans ce conte. Saisie d’un désir de « sceller certains moments », l’artiste, diplômée de science politique, s’empare du médium. Elle capte l’instant, sublime ce qui l’entoure. Elle fait voir sans que la parole soit nécessaire. Sur ses images en clairs-obscurs se trouve un paysage immaculé qui respire une myriade de sentiments. « Pour moi, la nature représente toutes les sensations, de la colère à la tristesse, de la neutralité à l’indépendance. Elle reflète plus que ce que l’humain·e seul·e ne pourra jamais refléter », soutient-elle. Le 8ᵉ art la tient en haleine dans une contemplation douce de notre monde, sans jamais la lasser, sans jamais la satisfaire entièrement. « Plus que tout, j’ai l’envie de voir de l’espoir et de la beauté dans toute chose », conclut la photographe.
Marie Léa Regales
Les paysages mystérieux des Pyrénées Ariégeoises sont une source d’inspiration inépuisable pour Marie Léa Regales, cinéaste et photographe originaire de ces montagnes, qui a récemment fait le choix de retourner y vivre. « Ma photographie est intimement liée au territoire que j’habite, l’Ariège, que je perçois comme un espace où le passé coexiste dans un mariage délicat avec le présent, et où les temps se mêlent dans une tension constante », dévoile-t-elle. C’est cette tension que l’artiste cherche à saisir. L’empreinte des jours s’esquisse dans la forêt, les routes et les sommets qu’elle capture, des lieux à son sens « presque génériques ». Au gré de ses déplacements et des pertes de mise au point, dans un monochrome envoûtant, Marie Léa Regales révèle l’âme des horizons. « Le flou agit, dans mon imaginaire, comme un portail vers l’invisible : les paysages nous échappent, comme si on les dessinait de mémoire, après les avoir rêvés, ou comme si on les captait de justesse à travers la fenêtre d’un véhicule en mouvement », ajoute l’autrice. Quant au noir et blanc, il efface les marqueurs de notre époque. Il lui permet de se réfugier dans un temps flottant, impermanent, « à la façon dont, au fil de l’histoire, le réel, le brut et le franc ne se détachent pas des fables, des mythes et des rêves », conclut-elle.