Comment capter le mystère au sein du vivant ? Comment retranscrire la mutabilité infinie de nos identités ? Cette année, du 16 mars au 14 avril, les Photographiques du Mans s’attachent à décrypter les mystères de la nature à travers des approches différentes, riches et ancrées dans le présent.
Après une édition 2023 consacrée au portrait, Les Photographiques du Mans annoncent leur édition 2024, qui aura lieu du 16 mars au 14 avril. Le festival de la photographique contemporaine s’intéresse aux thématiques qui inspirent les auteurices d’aujourd’hui : la crise climatique y occupe une grande place, explorant, de manière plus vaste, les enjeux liés à notre rapport à la nature. Ce fil rouge parcourt les séries d’Edwige Lamy, sur les fermes urbaines de Marseille, celle de Marie Docher, S’enforester, et de Théo Rouby, qui se concentre sur la pêche côtière dans les îles Tuvalu, dans le Pacifique, menacées par la montée des eaux. Les questions de genre et les luttes pour les droits des personnes minorisées sont également mises à la une, avec des séries bouleversantes comme Les Transbordeuses de Marjorie Gosset. Au centre de la programmation, les artistes se penchent sur le mystère du monde qui nous entoure, mais aussi sur celui qui enveloppe nos identités, toujours mutables. Ielss nous offrent ici un témoignage de ces phénomènes, de ces forces invisibles et pourtant omniprésentes, celles que les sciences étudient et que l’art photographique tente ici de retranscrire de façon aussi poétique qu’élégante.
Des témoignages de nos combats avec le réel
L’édition 2024 des Photographiques nous confronte à un foisonnement d’esthétiques, de techniques et de propos. Autant de témoignages de nos combats avec le réel et des questionnements qui animent les artistes contemporain·es. Le rapport des humain·es avec la nature est au cœur de toutes les préoccupations, et s’exprime de différentes formes. Membre du studio Hans Lucas, Théo Rouby est parti dans les îles Tuvalu, dans le Pacifique, menacées par la montée des eaux. L’impact du changement climatique sur ce minuscule territoire est bien tangible en termes sociaux, économiques et sanitaires. Ici, le réchauffement planétaire mine toute perspective de développement.
Avec sa série S’enforester, Marie Docher nous embarque, quant à elle, dans un périple aux frontières du réel. Elle s’inspire de l’expression de Baptiste Morizot, qui estimait que « s’enforester » c’est « entrer dans un devenir forêt, laisser la forêt advenir en soi. » Ce faisant, « Marie Docher traverse les frontières bien établies et violentes qui ordonnent le monde, souvent pour mieux le détruire : la séparation de l’humain et de la nature, de l’animal du végétal, du vivant et du minéral, du corps et du décor » explique la réalisatrice Hélène Harder.
Avec Prendre acte, Edwige Lamy explore quant à elle les fermes urbaines de Marseille, une réalité concrète de lutte et de résistance agricole face à l’urbanisme conquérant. Dans la deuxième plus grande ville de France, des fermes maraîchères ont vu le jour. « Rien de révolutionnaire, raconte la photographe, dans les années 60 la plupart de ces espaces étaient déjà des fermes productives. Mais les projets immobiliers ont pris le dessus, les espaces verts ont laissé place au béton, aux projets autoroutiers… ». Mais aujourd’hui plus que jamais, cette forme d’organisation alternative fait sens. Les fermes sont devenues des espaces d’accueil, de convergence des luttes et de pensée collective. De quoi redonner de l’espoir, dans une actualité qui a banalisé l’écocide et la négation du vivant.