Caroline Ruffault : métamorphoses et gémellité cosmique

29 janvier 2024   •  
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Caroline Ruffault : métamorphoses et gémellité cosmique
© Caroline Ruffault
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Dans Peau perméable, cœur poreux et gémellité cosmique, Caroline Ruffault explore une notion du philosophe Emanuele Coccia en photographie : celle de la gémellité universelle, la conscience d’être, au fond, des corps connectés au reste du vivant, accouchés par un même parent cosmique. Pour Fisheye, elle revient sur cette idée de découverte de soi à travers la nature.

« La gémellité n’est pas un rapport défini par une ressemblance physique ou génétique. Elle est le rapport qu’entretiennent deux ou plusieurs êtres qui ont partagé la naissance – même moment, même ventre, même mère » écrit le philosophe Emanuele Coccia, dans Métamorphoses, livre qui a inspiré le travail de la photographe Caroline Ruffault. Peau perméable, cœur poreux et gémellité cosmique est une enquête photographique sur la gémellité qui questionne aussi, étonnement, notre rapport au vivant. Cette notion, selon la photographe, ne se résume pas à une ressemblance physique : elle en dit bien plus sur le phénomène d’avoir été conçu·es par une même mère, d’avoir des racines communes et indissociables. La gémellité cosmique est donc le fait de reconnaître cet implicite commun chez tous·tes les êtres et de se sentir, au fond, les « jumeaux·lles » du vivant. « Loin d’être un fait paradoxal et rare, la naissance gémellaire est le paradigme même de la naissance, à l’échelle planétaire » écrit Emanuele Coccia. « Ce sentiment d’interconnexion à autre chose que soi est une évidence chez les jumeaux. Nous savons que nous aurions pu naître dans le corps de l’autre. Nous étions un seul corps qui devient deux » précise la photographe, en citant le philosophe. Si cette série se lit avant tout comme un récit intime de quête du soi et de son unicité, elle conte aussi l’histoire d’une recherche de résonances à travers la nature environnante. « Je crois à cette idée qu’il n’y a que la connexion à la terre qui peut nous guérir de nos frénésies d’humain·es, de nos compulsions d’achats, de nos besoins de réussite, de conquête » affirme-t-elle. Ainsi, par exemple, en cousant sur le support photographique des feuilles de lierre qui parcourent le corps d’une femme, Caroline Ruffault se connecte à plus grand qu’elle, se fond dans la magnificence et, in fine, en découvrant son être infiniment petit, elle parvient à atteindre une forme d’apaisement.

© Caroline Ruffault

Se fondre et disparaître dans quelque chose de plus grand que soi

« J’ai commencé par coudre et tisser mon corps et celui de mon frère jumeau ensemble pour représenter cette idée qu’il n’existait pas de barrière entre nous, entre nos émotions, explique Caroline Ruffault. Tout est partagé, tout nous traverse. Ce que l’on ressent ou ce que ressent l’autre, tout se mélange. En grandissant, j’ai gardé cette sensation d’être traversée par les lieux, les atmosphères et les êtres que je croise et c’est ce qui m’a amené à expérimenter le tissage photographique ». Marquée par son expérience de jumelle, elle recherche, par la photographie et la couture, de créer des liens qui libèrent en se connectant au cosmos: « c’est toujours cette idée de se fondre et de disparaître dans quelque chose de plus grand que soi et peut-être dans une certaine mesure vaincre la réalité physique de son corps. Ce corps qui a un début et une fin et qui pourtant intimement semble plutôt être un espace liminal mouvant ». Par la connexion au vivant, l’artiste se découvre, se dévoile, s’émancipe et atteint cette paix intérieure qui est à la base de la gémellité cosmique évoquée par Coccia. « Ce qui m’intéresse c’est de raconter comment nous habitons nos corps et quelles relations peuvent avoir nos corps avec notre environnement, poursuit-elle. C’est à la fois poétique, parce que les paysages sont des émotions qui nous traversent, et à la fois politique parce que notre lieu d’habitation est une partie de qui nous sommes. C’est l’air que nous respirons, la nourriture que nous ingérons et là cela prend une portée écologique ».

© Caroline Ruffault
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