Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie documentaire. Dans sa série et livre Fièvre, il explore ses pulsions intérieures par des autoportraits en creux.
À l’occasion de la sortie de son nouveau livre Fièvre, Lorenzo Castore est l’invité exceptionnel de la galerie S. à Paris, jusqu’au 11 mai. Né à Florence en 1973, le photographe italien est un des initiateurs de la nouvelle photographie documentaire. Il raconte le monde avec une sensibilité particulière et un langage original, inspiré de la street photography qu’il a pratiquée pendant ses années passées à New York. Au cours de ses voyages en Inde, au Kosovo, en Pologne, il s’empare du reportage engagé, sans abandonner son approche spontanée, héritage de la photographie de rue. Jusqu’en 2005, il se sert de la couleur et du noir et blanc, jusqu’à se consacrer au monochrome.
L’exposition présentée chez S. est le fruit d’un voyage intérieur de l’artiste, qui incarne par des autoportraits en creux ses différentes « fièvres » intérieures. Dans l’interview donnée par l’artiste à Caroline Benichou, retranscrite dans la postface de l’ouvrage Fièvre, il raconte sa démarche: « Je procède ainsi : je suis une voix intérieure que j’essaie de garder aussi libre que possible, je la laisse aller là où elle veut, et lorsqu’elle me paraît vraiment convaincante, je la suis avec toute l’énergie dont je dispose, en mettant la rationalité de côté. Je commence à travailler sans relâche et je continue tant que je sens qu’une évolution est possible. Chaque fois, l’expérience est différente. Par conséquent, la temporalité et la méthode le sont aussi. La seule constante est la recherche d’une tension émotionnelle qui suscite l’émerveillement. »
Un bouillonnement de photographies
Fièvre est un « bouillonnement de photographies » qui invitent au voyage intérieur. Trente ans de pratique se déclinent sur les murs de la galerie, témoignage de ce « besoin de croissance intellectuelle et spirituelle » explique le photographe, qui, au travers de Fièvre poursuit « l’abandon au désir sensuel, la tentative d’entrer en relation avec l’autre ici et maintenant, et une tension vers le mystère infini. La fièvre est alimentée par la curiosité, l’empathie et l’instinct, mais l’énergie et la capacité sont limitées. » La nature est foisonnante et puissante, à l’image de l’Etna qui accueille les visiteur·ses à l’entrée de l’exposition, son panache de fumée annonçant une éruption imminente. C’est dans ce mélange de photographie de l’intime et documentaire, de monde intérieur et extérieur, que se situe le travail de Lorenzo Castore. Pas banales, pas quotidiennes, pas voyeuses, ses images sont « le reflet d’une existence telle qu’il en existe tant, faite de souffrance ou de joie, en toute subjectivité. »