Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore

22 avril 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Fièvre : les remous intimes de Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore
© Lorenzo Castore

Jusqu’au 11 mai, la galerie parisienne S. accueille le photographe Lorenzo Castore, l’un des pionniers de la nouvelle photographie documentaire. Dans sa série et livre Fièvre, il explore ses pulsions intérieures par des autoportraits en creux.

À l’occasion de la sortie de son nouveau livre Fièvre, Lorenzo Castore est l’invité exceptionnel de la galerie S. à Paris, jusqu’au 11 mai. Né à Florence en 1973, le photographe italien est un des initiateurs de la nouvelle photographie documentaire. Il raconte le monde avec une sensibilité particulière et un langage original, inspiré de la street photography qu’il a pratiquée pendant ses années passées à New York. Au cours de ses voyages en Inde, au Kosovo, en Pologne, il s’empare du reportage engagé, sans abandonner son approche spontanée, héritage de la photographie de rue. Jusqu’en 2005, il se sert de la couleur et du noir et blanc, jusqu’à se consacrer au monochrome.

L’exposition présentée chez S. est le fruit d’un voyage intérieur de l’artiste, qui incarne par des autoportraits en creux ses différentes « fièvres » intérieures. Dans l’interview donnée par l’artiste à Caroline Benichou, retranscrite dans la postface de l’ouvrage Fièvre, il raconte sa démarche: « Je procède ainsi : je suis une voix intérieure que j’essaie de garder aussi libre que possible, je la laisse aller là où elle veut, et lorsqu’elle me paraît vraiment convaincante, je la suis avec toute l’énergie dont je dispose, en mettant la rationalité de côté. Je commence à travailler sans relâche et je continue tant que je sens qu’une évolution est possible. Chaque fois, l’expérience est différente. Par conséquent, la temporalité et la méthode le sont aussi. La seule constante est la recherche d’une tension émotionnelle qui suscite l’émerveillement. »

Un bouillonnement de photographies

Fièvre est un « bouillonnement de photographies » qui invitent au voyage intérieur. Trente ans de pratique se déclinent sur les murs de la galerie, témoignage de ce « besoin de croissance intellectuelle et spirituelle » explique le photographe, qui, au travers de Fièvre poursuit « l’abandon au désir sensuel, la tentative d’entrer en relation avec l’autre ici et maintenant, et une tension vers le mystère infini. La fièvre est alimentée par la curiosité, l’empathie et l’instinct, mais l’énergie et la capacité sont limitées. » La nature est foisonnante et puissante, à l’image de l’Etna qui accueille les visiteur·ses à l’entrée de l’exposition, son panache de fumée annonçant une éruption imminente. C’est dans ce mélange de photographie de l’intime et documentaire, de monde intérieur et extérieur, que se situe le travail de Lorenzo Castore. Pas banales, pas quotidiennes, pas voyeuses, ses images sont « le reflet d’une existence telle qu’il en existe tant, faite de souffrance ou de joie, en toute subjectivité. »

À lire aussi
Focus #55 : Les travestis de Catane dans l’objectif de Lorenzo Castore
06:16
© Fisheye Magazine
Focus #55 : Les travestis de Catane dans l’objectif de Lorenzo Castore
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Cette semaine, Lorenzo Castore nous fait voyager, à travers Glitter Blues, dans le quartier rouge de…
06 septembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les Reines de Catane, transmettre la beauté absurde de la vie
Les Reines de Catane, transmettre la beauté absurde de la vie
Pour Glitter Blues, le photographe Lorenzo Castore s’est rendu dans les méandres des rues de San Berillo, à Catane. Un quartier rouge…
09 juin 2022   •  
Écrit par Finley Cutts
Explorez
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
© Jet Siemons
Jet Siemons : combien de temps faudra‑t‑il pour qu’on m’oublie ? 
Dans Hannie & Billo – The Trail Project, Jet Siemons retrace la trajectoire d’un couple, Hannie et Billo, à partir d’un album photo...
À l'instant   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Ekaterina Perfilieva et l'intime au cœur de la fracture
© Ekaterina Perfilieva, Nocturnal Animals
Ekaterina Perfilieva et l’intime au cœur de la fracture
À la fois distante et profondément engagée, Ekaterina Perfilieva, artiste multidisciplinaire, interroge une contemporanéité...
17 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
© Valérie Belin
Le 7 à 9 de Chanel : Valérie Belin et la beauté, cette quête insoluble
L’heure des rencontres « 7 à 9 de Chanel » au Jeu de Paume a sonné. En cette rentrée, c’est au tour de Valérie Belin, quatrième invitée...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
© Sara Lepore / Instagram
La sélection Instagram #524 : espaces intimes
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
16 septembre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot