Photographe et réalisateur diplômé des Gobelins, Manu Fauque s’est initié à la photographie de mode par instinct, et surtout pour sa capacité à évoquer un univers significatif. Un espace dans lequel il peut développer à sa guise une atmosphère vintage, bordant les rivages de l’intemporel. « J’aime réaliser des photographies dans un espace-temps différent de celui qu’on occupe. J’essaye de raconter une infime partie de la vie de la personne qui y figure. Selon moi, le portrait doit suspendre le temps et transporter le spectateur. (…) Dès que possible, je m’oriente vers des couleurs suaves, peu saturées, afin de transcrire la vie et la gaité », avoue-t-il. Dans sa dernière série Inge, il sublime une modèle et amie – un coup de foudre professionnel – en la représentant comme une « femme élastique capable de toutes les incarner ». S’attachant à rester au plus près des personnalités qu’il encapsule, Manu Fauque pique là où l’aura de ses sujets éclot. Et dans l’ensemble de son travail, deux protagonistes réapparaissent de manière obsessionnelle : la chambre et le lit. « On peut lire des milliers de choses dans les plis d’un lit, et une chambre est souvent à l’image de la personne qui l’occupe, alors même en son absence, on devine quelque chose d’elle. Il y a évidemment un aspect à la fois très intime et universel. C’est l’endroit où chacun se retrouve au début et à la fin de sa journée : c’est comme un dénominateur commun ! C’est aussi un lieu d’action, où l’on se détend, s’interroge, se remet en question, fait l’amour et la guerre, cherche des réponses, dort, mange, rit, pleure, imagine, crée… Absolument tout commence dans un lit, même la vie, et souvent finit dans un lit aussi… », conclut-il avec légèreté.
La série Inge de Manu Fauque est à découvrir le temps d’une soirée ce vendredi 9 juin à La Caserne, 12 rue Philippe de Girard 75010, Paris.
© Manu Fauque