« Chaque corps, chaque geste et mouvement portent quelque chose de très profond qui nous parle à différents niveaux, émotionnel, mémoriel… On naît et on meurt avec un corps, il est toujours là, avec nous. Le nu me permet de créer une atmosphère atemporelle et intime, je travaille la plupart du temps avec des danseuses dont j’admire profondément la liberté, et la conscience et insouciance qu’elles peuvent véhiculer avec leur corps », nous conte Maria Baoli. Née et ayant grandi à Madrid, la photographe s’en est ensuite allée vivre à Paris puis Montréal, pour enfin atterrir à Bruxelles afin d’étudier à l’école de photographie et de technique visuelle Agnès Varda. Aujourd’hui diplômée, et bien installée dans la capitale belge, elle construit une œuvre photographique sensible où se croisent plusieurs de ses passions dont « la peinture, le cinéma, la contemplation et la lumière ». Expérimentant le médium sous ses formes variées, elle compose de façon méthodique ses créations en commençant notamment par réaliser des croquis ou des images d’inspiration. Si son processus artistique reste encadré, elle laisse néanmoins une place tout aussi importante à l’intuition et aux mystères de l’imprévu. « À travers les différentes couches de lecture et la superposition d’images, des interrogations et des énigmes surgissent. Le procédé ancien du cyanotype, que j’utilise fréquemment, permet d’avoir une dimension tactile et abstraite, effaçant certaines données. La réalité en tant que telle ne m’intéresse pas, mais plutôt la manière dont je peux l’interpréter », explique-t-elle. En découlent des compositions monochromes oniriques où l’humain se fond dans la nostalgie d’un paysage, où les corps dialoguent et divaguent dans des mondes inconnus. « Il y a une image que j’ai réalisé qui me touche particulièrement. Elle a une symbolique forte, reflète selon moi l’éphémère, la fragilité, l’imperfection. Elle converse avec un geste, ici le corps-paysage est un lieu d’interaction entre nature et humanité », conclut-elle.
Maria Baoli : des corps et dépaysement

© Maria Baoli
Explorez
© Isabel Muñoz
Jusqu'au 28 septembre 2025, le festival Portrait(s) accueille une rétrospective d’Isabel Muñoz, grande figure de la photographie...
© Madalena Georgatou
Mai-Thanh Nguyen et Madalena Georgatou, nos coups de cœur de la semaine, explorent la mémoire. La première s’intéresse aux lieux qui...
© Mathilde Eudes
Jusqu’au 3 août 2025, le parcours Art et Patrimoine en Perche #06 place la création contemporaine au cœur de cette région verdoyante....
Nadya Akane, dans la série In Praise of Silence © Eman Ali
Eman Ali compose The Praise of Silence, fruit d’une résidence artistique à Tokyo. La photographe explore, dans un travail collaboratif...
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
Diversum © Konrad Hellfeuer
Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher, nos coups de cœur de la semaine, invitent à ralentir, observer et contempler. Interrogeant les thèmes...
Entrelacs © Manon Bailo
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des expositions en cours ou à venir, la remise du prix...
© Caroline Sohie
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...