« Des chiens errant dans la rue, une personne qui vient poser une chaise devant une fenêtre, les grandes étendues d’espaces, les non-lieux, les captures d’écrans de porno vintage des années 80… » voici les détails qui composent l’univers à la fois contemplatif et habité de Mayssa Khoury. Installée à Beyrouth, cette photographe et peintre de 26 ans puise dans le personnel pour accéder à une dimension métaphysique. Partant du réel, des gens qui l’entourent, elle donne à voir un monde plus profond et discret, mêlant les thématiques de l’érotisme, de la mort et de la solitude. « À la source de ma recherche, il y a un rapport très précoce à l’érotisme, confie-t-elle. Depuis la jeune adolescence, cette conscience de soi et de mon corps, la limite entre le moi et les autres ont été des notions qui m’ont travaillée et inspirée. » Elle vient ainsi rejoindre la notion d’érotisme telle qu’elle est développée par Audrey Lorde, poétesse américaine, qui la conçoit comme un pouvoir libérateur tant sur le plan social que personnel. Cette puissance unique, et non seulement explicite, Mayssa Khoury la met en images, dans une ambiance sombre et contrastée. Dans une tension permanente entre un noir et blanc cru, brut, et l’éclat chaleureux de la présence humaine. « Je recherche quelque chose entre l’intensité, la dynamique et la douleur, presque. Avec une part mélancolique et silencieuse. Là où se trouve l’espace dans lequel les opposés se retrouvent et coexistent », décrit-elle. Si sa série Eros donne à voir un univers sensuel et mystérieux, figeant ses amies dans des espaces nocturnes sauvages, son projet Home is where teta was parle quant à lui des dernières années de vie de sa grand-mère. Ce dernier analyse les dynamiques familiales sous-jacentes qu’entraîne la confrontation à la mort imminente d’un être aimé, tandis qu’il quitte lentement le territoire des vivant·es. Par ailleurs membre du collectif Yalla Bala Manyake (un collectif de femmes artistes qui organisent des expos indépendantes dans des lieux abandonnés de la capitale libanaise, ndlr), Mayssa Khoury n’a de cesse d’explorer les espaces de l’intime, et le trouble des sensations.
Mayssa Khoury : l’érotisme comme puissance créative

© Mayssa Khoury
À lire aussi
Pour réaliser Glassy Eyes, Guendalina Flamini, 32 ans, a écumé les petites salles de concert parisiennes, photographiant de jeunes…
© Letizia Le Fur
Troisième et dernier chapitre de son projet au long cours, Mythologies III : Les métamorphoses, dévoile une nature foisonnante et…
Explorez
© Léo d'Oriano
Dans le cadre de la Grande commande pour le photojournalisme de la BNF, Léo d’Oriano a suivi, entre 2021 et 2022. Intitulée Ils en...
© Charlotte Abramow
Sept ans après la sortie de Maurice, Tristesse et rigolade, Charlotte Abramow s’apprête à en publier un volume augmenté, toujours aux...
© João Mendes / Instagram
C’est l’heure du récap ! Questionnements existentiels, identité, archives étrangères ou personnelles… Cette semaine, l’intimité se trouve...
© Sara Lepore / Instagram
La maison se fait à la fois abri du monde et porte vers le dehors, espace de l’intime et miroir de nos modes de vie. Les artistes de...
Nos derniers articles
Voir tous les articles
© Valentin Derom
Avec Support Systems, Valentin Derom explore les gestes de soin là où on ne les attend pas : dans les étables, aux côtés de son père...
© Sophie Alyz
Les photographes des épisodes de Focus sélectionnés ici s’emparent de leur médium pour raconter des récits d’engagement environnemental....
© Léo d'Oriano
Dans le cadre de la Grande commande pour le photojournalisme de la BNF, Léo d’Oriano a suivi, entre 2021 et 2022. Intitulée Ils en...
© Martin Bogren
La 7e édition des Rencontres Image & Environnement de Zone i a eu lieu du 12 au 14 septembre 2025 à Thoré-la-Rochette, dans le...