Nature et impressionnisme : Thomas Amen rapproche ses rêves du réel

16 septembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Nature et impressionnisme : Thomas Amen rapproche ses rêves du réel
© Thomas Amen
Des pâquerettes à la mode impressionniste.
© Thomas Amen

Thomas Amen raconte l’histoire de la nature qui l’encercle par l’épuisement photographique. À l’image des peintres impressionnistes, il compose une poésie mouvante du paysage aux allures de rêve, qui témoigne cependant de sa réalité.

Allongé dans les marguerites et dans les violettes, posté devant une étendue montagneuses, face à l’eau ou aux nuages, Thomas Amen raconte une histoire. Celle de la beauté de la nature qui l’entoure. Pour l’artiste pluridisciplinaire, musicien et comédien voix off, qui perd peu à peu son audition, la photographie est une façon d’explorer les sens de manière plus instinctive, lorsque l’image parle pour elle-même, lorsque les mots ne sont plus nécessaires. « Avec les réglages que j’utilise, exclusivement à basse vitesse, je ne vois pas ce que je photographie, je l’imagine seulement. Le flou et le mouvement intentionnel servent une approche très aléatoire, très chaotique et parfaite à la fois », explique-t-il.

En empilant plusieurs filtres polarisants devant son objectif, le photographe compose un univers où le travail de colorimétrie se réalise en post-production grâce à des méthodes de surimpression ou de distorsion de la lumière. « L’appareil photo, c’est comme mon canevas vierge que j’enduis de peinture fraîche. Une fois chez moi, je le peins à coup de touches numériques », ajoute-t-il. Ainsi, la nature se révèle, les textures se sentent sur les images de Thomas Amen. On entend presque le vent souffler dans les herbes hautes. « La nature fait tout, je suis seulement témoin de sa beauté », confesse l’artiste.

© Thomas Amen
© Thomas Amen
© Thomas Amen
© Thomas Amen

Conversation avec les impressionnistes

Thomas Amen se poste à un endroit et attend les changements de lumière, une approche rappelant celles des impressionnistes. À l’image de Monet sur son bateau-atelier qui peignait le même plan de la Seine en fonction du moment de la journée, Thomas Amen épuise son sujet. Il engage alors sans s’en rendre compte un dialogue avec ces peintres d’un autre temps : Paul Cézanne, Claude Monet, Blanche Hoschedé, ou Auguste Renoir. « Je pense que mes photographies, comme la peinture impressionniste, racontent une histoire proche du réel, confie-t-il. Elles dégagent un ressenti fort, parfois coloré, parfois sombre, à la fois abstrait et défini selon les moments illustrés. En ressort une sorte de magie, un côté imaginaire qui aide finalement à comprendre le moment plus profondément. » Mais plus que d’entrer dans un songe, l’artiste compose une expérience sensorielle. Il représente la nature comme il la perçoit, par rapport à ce qu’il ressent, ce qu’il voit ou ce qu’il imagine. « Plus je me rapproche de moments qui ressemblent à un rêve, plus cet univers que je co-crée avec la nature devient réel », dévoile-t-il.

Alors, il joue avec le grain et le flou, telles des petites touches de peinture se superposant pour former le pétale d’un coquelicot empourpré, la branche d’un arbre céleste, les flocons d’une neige immaculée. Ce rapprochement avec les impressionnistes conduit l’artiste sur un chemin dont il ne pourra se détourner. « Plus j’étudie à propos des impressionnistes, plus je m’aperçois que nous avons des approches similaires » s’étonne Thomas Amen. Une poésie visuelle se dégage dans l’air, dans l’eau, dans le bois, dans le feu et occasionnellement, dans quelques silhouettes humaines qui viennent notifier la grandeur ou la petitesse de l’environnement. « Certains moments résonnent par leur clarté, leur définition, leur netteté et ne méritent rien d’autre que d’être immortalisé. D’autres ouvrent la porte à l’exploration, à une intervention extérieure, à une perspective différente », conclut-il. 

© Thomas Amen
Champ de coquelicots.
© Thomas Amen
© Thomas Amen
Champ de coquelicots.
© Thomas Amen
© Thomas Amen
© Thomas Amen
© Thomas Amen
© Thomas Amen
À lire aussi
Dans l’œil d’Aleksandr Babarikin : photographie effet peinture
© Aleksandr Babarikin
Dans l’œil d’Aleksandr Babarikin : photographie effet peinture
Cette semaine, plongée dans l’œil d’Aleksandr Babarikin. Le photographe biélorusse, dont nous vous avions déjà parlé il y a maintenant…
11 mars 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l'œil de Sabatina Leccia : le charme onirique de la nature
© Sabatina Leccia, Traverser la nuit, 2023 / Courtesy of Galerie XII
Dans l’œil de Sabatina Leccia : le charme onirique de la nature
Cette semaine, plongée dans l’œil de Sabatina Leccia, artiste française qui se plaît à expérimenter avec la matière. Pour Fisheye, elle…
18 mars 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #456 : lumières extatiques
© Georgiana Feidi / Instagram
La sélection Instagram #456 : lumières extatiques
Notre sélection Instagram de la semaine brille de milles éclats naturels et fantasmés. Qu’elle fasse émerger une dimension fantastique à…
28 mai 2024   •  
Écrit par Milena III et Marie Baranger
Explorez
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
13 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Dans l'œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
© Jonathan Chandi
Dans l’œil de Jonathan Chandi : un clip dans un monde parallèle
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Jonathan Chandi, photographe autodidacte belge. L’artiste réinterprète avec une grande délicatesse et...
11 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
Metropolis III, 1987 © Beatrice Helg
Les images de la semaine du 4 août 2025 : revoir le monde
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les photographes de Fisheye nous invitent à porter un autre regard sur le monde selon des...
10 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Béatrice Helg : la musique du silence
Éclats IV, 2013 © Beatrice Helg
Béatrice Helg : la musique du silence
Au musée Réattu d’Arles, dans la fraîcheur d’une ancienne commanderie de chevaliers, le silence devient matière. Jusqu’au 5 octobre 2025...
05 août 2025   •  
Écrit par Benoît Baume
Nos derniers articles
Voir tous les articles
On Country :  entendre la terre
© TonyAlbert&David Charles Collins Brittany Malbunka Reid, Warakurna Superheroes #6 2017 Superheroes 2017. Courtesy and Sullivan + Strumpf.
On Country : entendre la terre
À Arles, On Country explore le lien vital entre terre, mémoire et futur. Cette plongée sensible dans la photographie australienne...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Fabiola Ferrero : des abeilles et des hommes
I Can’t Hear the Birds © Fabiola Ferrero
Fabiola Ferrero : des abeilles et des hommes
La photographe et journaliste Fabiola Ferrero retourne au Venezuela et ravive la mémoire collective de son pays qui entre 2014 et 2020 a...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
13 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
© Claire Delfino
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
Quand la photographie devient le lieu d’un tissage mémoriel, politique et sensible, le mentorat des Filles de la Photo affirme toute sa...
12 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina