Jusqu’au 23 mars, la galerie Arrêt sur l’image rend hommage à Olivier Metzger, le photographe qui arpentait la nuit en en capturant toutes les nuances. Dans Sodium – Landes de nuit, il parcourait les atmosphères nocturnes de la région de Hossegor, en sublimant ces ambiances vaporeuses dignes d’un plateau hollywoodien.
En 2022, Olivier Metzger a été invité en résidence à Soorts-Hossegor (Landes) par Erwan Desplanques et Constance de Buor de la galerie Troisième Saison, afin de brosser un portrait photographique de la nuit landaise. De ce projet, est née la série Sodium – Landes de nuit, exposée jusqu’au 23 mars à la galerie Arrêt sur l’image. Disparu brutalement le 2 novembre 2022, le photographe de 49 ans menait une recherche visuelle autour de la nuit et de ses atmosphères. Avec son style cinématographique, il dépeignait des scénarios baignés de lumières étranges et denses, qui représentent parfaitement la nature de ces régions. Sodium – Landes de nuit est composée de paysages à la fois naturels et artificiels, caractérisés par la présence d’une pollution lumineuse qui entraine des changements durables et modifie la vie après le coucher du soleil. Comme l’indique la galerie, « ce travail constitue la première étape d’une grande radiographie de la nuit française, qui s’est poursuivie à Lyon et Bordeaux, pour la Bibliothèque nationale de France. »
Une archéologie de la lumière
Olivier Metzger était un photographe nocturne. Il aimait se balader dans les rues désertes et sur les plages plongées dans l’obscurité, captivé par les lumières photogéniques des lampadaires aux ampoules à sodium. Une illumination sublime, mais tellement coûteuse en énergie que les communes du littoral landais les remplacent désormais par des LED. La nuit n’est pas un lieu statique et figé. Bien au contraire, elle se transforment et changent de textures et de couleurs. Dans la série Sodium – Landes de nuit, Metzger voulait constituer une archive de la nuit dans la région de Hossegor, avant qu’elle mue pour toujours. Sans nostalgie, ni de critique particulière de la pollution lumineuse qui dévaste nos paysages, le photographe se focalise sur l’instant présent. Il nous embarque alors dans un monde qui s’évapore et qui sent fort les embruns de l’Océan. La densité de l’air, gorgé de sel, est perceptible dans ces clichés énigmatiques. Nous sommes dans le cadre d’une dystopie où « surnagent quelques rares silhouettes, qui continuent de surfer, de glisser dans un monde éteint, évaporé. » Le sable semble avoir couvert le littoral, enseveli les villes, déferlant comme dans une tempête sur les habitant·es. Les images de Metzger chassent le mystère des « heures sombres » dans un espace semi-urbain. Elles « dessinent in fine une archéologie de la lumière. »