Véritables tableaux photographiques, les Visions passéistes de Nicolas Seurot célèbrent la splendeur de la nature. Une série en résonance avec les œuvres des peintres des siècles derniers.
Après avoir photographié les cow-boys du Texas, Nicolas Seurot s’est tourné vers le fine art. À 46 ans, cet artiste et ancien directeur artistique n’hésite pas à faire évoluer son approche du 8e art, pour construire des projets tout en contraste. « Ma carrière m’a nourri pendant de longues années d’une multitude d’images hétéroclites. Je n’ai pas envie de rester enfermé dans un seul style. Je cherche constamment à créer de nouvelles choses, raconter de belles histoires », explique-t-il.
Shootées au cours de nombreux voyages, sesVisions passéistes proposent une évasion dans la nature méritée. « Les travaux dans les communautés – comme ma série HeeHaw – sont toujours très intenses pour moi, car j’éprouve toujours une immense timidité à photographier l’humain », confie l’artiste. Perdu dans des terres indomptées, en revanche, il prend le temps d’observer l’environnement, et de capter des espaces évoquant une douce nostalgie. À la recherche d’une beauté universelle, il réalise des tableaux photographiques, jouant avec les lumières, les couleurs et les techniques d’impression.
Un retour à la nature
« J’intègre à mes images des fonds de différentes matières que je confectionne avant de les imprimer avec des encres pigmentaires sur du papier coton – le plus souvent japonais »,
précise Nicolas Seurot. Une préparation minutieuse lui permettant de créer une collection de photographies ressemblant à s’y méprendre à des peintures. Inspiré par les toiles du 17e au 19e siècle, l’auteur transporte ses panoramas dans un passé pittoresque. Une résonance fascinante entre notre monde moderne et le retour à la nature encouragé par certains artistes du 18e siècle, qui, se distançant du siècle des Lumières, préféraient représenter un monde sauvage plutôt que civilisé.
Alors populaire, la peinture de paysage évoquait le besoin d’une connexion entre l’homme et la terre. Une relation aujourd’hui fragile. Si le photographe salue la dextérité technique de ces artistes : « je pourrais flâner des heures dans les musées à me nourrir des tableaux de Joseph Vernet, Joseph Turner, ou encore François Boucher. Ils possèdent une esthétique hallucinante. La composition, la retranscription des lumières sont telles que ces peintres sont à leur manière des photographes des siècles passés », précise-t-il, le besoin de magnifier la nature s’inscrit dans notre histoire contemporaine. Ces espaces luxuriants, laissés intacts par l’homme deviennent ici des lieux presque sacrés, intimidants dans leur splendeur intemporelle. Le reflet d’une planète autrefois abondante, devenue aujourd’hui dangereusement vulnérable.
© Nicolas Seurot