Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les sujets qui les inspirent particulièrement. C’est aujourd’hui au tour de Kristina Rozhkova de nous introduire à son univers aussi naïf que cru, faisant volontiers jongler adolescence, érotisme et rapports de pouvoir.
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ?
Tout dépend toujours de mon humeur, car je pourrais choisir différentes images en fonction des instants. Pour le moment, je choisirais une fille en collants roses en shibari (bondage japonais, ndlr), qui rit et s’amuse. Cette photo est proche de mon état d’esprit actuel, car c’est le temps des nouveaux projets, mais aussi parce que je suis joyeuse et surexcitée.
La première photographie qui t’a marqué et pourquoi ?
Au cours de mon travail autour de la série The Bliss of Girlhood, j’ai été très surprise du résultat obtenu lorsque j’ai capturé les photos et que je les ai converties en noir et blanc. J’ai continué ce projet et chaque image achevée ressemblait à un rêve et avait un caractère surréaliste, voire magique. Chacune d’entre elles était merveilleuse.
Un shooting rêvé ?
Une séance photo de rêve, c’est lorsque tout est facile, amusant, ludique, comme dans Dacha, où l’on enfile, avec son amie, les vieilles tenues de sa grand-mère tapissées de motifs de fraises, en courant pieds nus dans l’herbe.
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ?
J’aime la peinture religieuse classique, principalement des maîtres italiens et hollandais. Je ne pense pas avoir d’artiste préféré·e, tout comme je n’ai pas de réalisateur·rice ou d’interprète musical·e fétiche. Et c’est très bien comme cela.
Une émotion à illustrer ?
Lorsque je suis à la fois capricieuse, enjouée, ennuyée, tremblante et un peu agressive.
Un genre photographique, et celui ou celle qui le porte selon toi ?
Je n’aime pas les genres. Je pense qu’une œuvre d’art, si elle est réussie, n’est pas limitée par une catégorie et qu’elle va bien au-delà de celles-ci, tout en employant le meilleur de celles qui existent. Honnêtement, je n’ai jamais appartenu à un style ni même songé à cela, bien que je puisse être périodiquement comparée à un·e autre artiste. J’aime en revanche savoir ce que les gens pensent de mon travail.
Un territoire, imaginaire ou réel, à capturer ?
Je travaille avec la réalité, mais ces derniers temps, je suis de plus en plus attirée par le monde de l’imagination et des idées. J’espère trouver les fonds nécessaires à un nouveau projet, et réaliser tous mes rêves.
Une thématique que tu aimes particulièrement aborder ou voir aborder ?
J’aime presque tous les sujets liés au pouvoir, à la hiérarchie et à la soumission, mais en ce moment, je m’intéresse davantage au monde des insectes et des animaux.
Une exposition que tu n’oublieras jamais ?
Je n’oublie jamais les performances que je réalise lors d’un shooting – elles m’inspirent beaucoup. Comme par exemple, lorsque j’ai peint des pattes de poulets, seule dans ma chambre, en écoutant de la vieille musique allemande, avec du vernis à ongles rose, bleu et jaune. Je les ai ensuite disposées ensemble et saupoudrées de paillettes. C’était comme un rituel.
Une œuvre d’art qui t’inspire particulièrement ?
Toutes les images qui représentent saint Sébastien. Je l’adore.