Pennedepie X : les souvenirs du temps présent d’Olivier Degen 

16 janvier 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Pennedepie X : les souvenirs du temps présent d’Olivier Degen 
© Olivier Degen
© Olivier Degen

Dans Pennedepie X, Olivier Degen recompose une décennie de souvenirs de famille. Au gré des différents tableaux jaillissent tantôt des images précises, tantôt des flous portés par des émotions qui invitent à profiter de l’instant présent.

« C’est un lieu que nous avons investi avec ma famille il y a dix ans, une petite maison délabrée au milieu d’une grande prairie longée par un cours d’eau. Dix ans, j’ai pensé que c’était un bon prétexte, une bonne temporalité pour évoquer un espace, ce qui s’y passe ou pas », commence Olivier Degen. En toute sobriété, Pennedepie X renvoie ainsi à la commune normande et à la période au cours de laquelle les clichés qui composent l’ouvrage ont pris vie. Au fil des pages se découvrent des monochromes du quotidien dont les traits nets se troublent jusqu’à l’abstraction dès lors qu’ils passent à la couleur, témoignant de la fragilité de ces instants, mais également de « la beauté et de l’angoisse de l’évanescence »

© Olivier Degen
© Olivier Degen
© Olivier Degen
© Olivier Degen

En quête d’une autre lumière

« Je souhaite être dans le registre de l’évocation, avec des images qui laissent de la place à la sensibilité et l’imagination de celui ou celle qui regarde. La narration familiale dans ce lieu est importante pour moi, j’ai voulu la faire à bas bruit – ce qui nécessite sans doute une attention particulière pour en saisir les sons, les vibrations », poursuit le photographe. Dans les paysages comme dans les portraits s’opère un jeu d’apparitions et de disparitions. À la manière de réminiscences, les fragments d’images rémanentes se confondent à des impressions vives, tout aussi marquantes. « C’est le moment présent qui m’intéresse, la beauté du moment qui peut revêtir différentes formes », souligne-t-il.

Cet ouvrage, comme le précédent, s’ouvre sur des mots de Roberto Juarroz. « Il a de magnifiques fulgurances. On a envie de les partager. Toute son œuvre porte le même titre : Poésie verticale. Chaque tome est numéroté pour être distingué des autres. J’aime ce à quoi renvoie cette verticalité, cette profondeur et cette transcendance. Lui étant perpendiculaire, elle s’inscrit aussi en rapport à un horizon. » Dans la citation liminaire, le poète fait notamment allusion à une « autre lumière ». Conditionnant notre manière d’appréhender les choses, elle nous permet, selon Olivier Degen, de nous ancrer dans un environnement et sa réalité. « Pour le ou la photographe, “oser la créer” correspond à la façon de prendre une image ou de composer un recueil – donc un travail de subjectivation –, de rendre compte d’un sujet, de la relation singulière qu’il ou elle entretient avec lui », achève notre interlocuteur. 

À lire aussi
Mettre en image la famille : des histoires de pertes et de retrouvailles
© Ashley Markle
Mettre en image la famille : des histoires de pertes et de retrouvailles
Parmi les sujets abordés sur les pages de notre site comme dans celles de notre magazine se trouvent les liens familiaux En cette période…
28 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Comme un air de famille
© Hyunmin Ryu
Comme un air de famille
En photographiant son neveu Sae-hyun, Hyunmin Ryu détourne la classique photo de famille et communique une joie de vivre virale.
04 août 2023   •  
Écrit par Anaïs Viand
Explorez
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
13 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas