Iikki commence sa nouvelle saison, cette fois centrée sur la couleur. Le premier ouvrage de la série, Pequeñas Melodías, propose un dialogue entre le duo de photographes Albarrán Cabrera (Angel Albarrán et Anna Cabrera) et le compositeur Federico Durand. L’ouvrage est publié depuis le 8 novembre, jour d’ouverture de Paris Photo, où Albarrán Cabrera est exposé.
Faire dialoguer deux photographes avec un musicien. Tel est le dessein d’Iikki, une maison d’édition que la rédaction Fisheye connaît bien. Le 7ᵉ numéro, Pequeñas Melodías, amorce une nouvelle série, cette fois dédiée à la photographie couleur. Le projet a démarré il y a un an. « Nous avons envoyé quelques images à Federico et lui nous a fait parvenir quelques-unes de ses compositions. Nous avons ensuite photographié avec cette musique en tête. Par exemple, durant notre dernier voyage au Japon ce printemps, nous avions notre casque et nous shootions en musique », se souvient le photographe. Les échanges de médias se sont poursuivis, s’inspirant mutuellement.
Ne pas être, mais ressentir
« Il y a un fossé entre la réalité et ce que nous considérons comme étant le réel. Et la photographie se situe à la frontière entre le réel et l’irréel, le vrai et le faux. »
Pour le duo, la photographie est un outil précieux pour filtrer la réalité, une réalité qui les effraie. « Nous utilisons une large gamme de procédés et de matériaux. Nous en inventons et en développons de nouveaux aussi. Tout cela dans un but précis : nous aimons avoir les paramètres nécessaires pour jouer avec le spectateur », ajoutent Angel Albarrán et Anna Cabrera. Un point commun qu’ils partagent avec le compositeur Federico Durand, qui n’hésite pas à créer de nouveaux instruments pour parvenir à ses fins.
« Ne pas être, mais ressentir. » Une maxime qui a guidé le couple de photographes pendant l’expérience. « Tous les jours, nous voyons des choses, cela va tellement vite que nous ne maîtrisons pas exactement ce qu’il se passe, les images sont en nous. Un oiseau, un arbre bougeant sous l’effet du vent ou encore le reflet du soleil… Toutes ces choses du quotidien, toutes ces mélodies raisonnent en nous et font qui nous sommes. À chaque fois que vous photographiez, à un moment spécifique, avec une composition spécifique, vous ressentez une émotion particulière. » La photographie n’aide pas seulement à comprendre la réalité. Elle reflète un instant, un état d’esprit et nous aide à comprendre qui nous sommes. Car, in fine, la photographie comme la musique permettent de se recentrer, de savourer l’instant présent.
Pequeñas Melodías, IIKKI, 40 €, 96 p.
Pack ouvrage + disque vinyle : 52 €
Les images d’Albarrán Cabrera sont à (re)découvrir à Paris Photo, à la galerie Esther Woerdehoff.
© Albarrán Cabrera