La Quinzaine photographique nantaise (QPN) revient pour son édition 2024, du 18 octobre au 17 novembre. Cette année, le fil rouge est l’illusion photographique au temps de l’intelligence artificielle et des technologies numériques.
Voilà presque deux siècles que la photographie nous accompagne en nous permettant d’enregistrer des images fidèles à la réalité. Pourtant, cette fidélité est relative : depuis ses débuts, le médium est en effet détourné au service de l’utopie et de l’invention. Du surréalisme aux nouvelles technologies d’intelligence artificielle, les auteurices s’amusent à jouer les faussaires ! La Quinzaine photographique nantaise, pour son édition 2024, nous plonge dans les techniques de l’illusion et vient se jouer de notre confiance et crédulité. Aujourd’hui, l’IA vient bouleverser cette capacité à créer de l’illusion. C’est une source d’inquiétude comme une motivation pour les artistes. Une nouvelle terra incognita qu’il faut explorer. Sommes-nous toujours dans la photographie ? L’IA ne se rapprocherait-elle pas plutôt de l’illustration ? Ce monde fait d’artifices, nous dit le directeur du festival, Hervé Marchand, nous renvoie aux fausses informations, là où la tromperie s’immisce dans le document et modifie les narrations.
Robin Lopvet : un univers dystopique et satirique
Dans l’espace L’Atelier, QPN organise une exposition collective interrogeant les rapports entre image et illusion. Parmi les photographes exposé·es, on retrouve des noms qui ont marqué la culture pop de ces dernières années sur le web et ont produit des images virales. Il s’agit par exemple de Vincent Fournier, avec son Space Project, d’Isabelle Dehay et ses images pixellisées de grandes œuvres d’art, ou encore de Robin Lopvet, que l’on retrouve sur l’affiche du festival. Dans sa série D.O.G.S, ce dernier donne vie à des collages numériques associant des têtes de chiens venus du web et des nuages, catastrophes naturelles ou grands faits historiques. L’image choc est associée à la photo drôle et absurde dénichée sur Internet.
Par son travail de juxtaposition, l’auteur cherche à provoquer un rire angoissant : « Un peu comme le personnage du clown qui est à la fois drôle et effrayant. C’est effectivement un humour absurde, à l’image du monde qui nous entoure », nous expliquait-il. Originellement posté sur Instagram, une de ses images (la template de meme Dust Storm Dog) est devenue virale et a été publiée dans le monde entier. Des objets dérivés non-officiels ont été mis sur le marché, que le photographe a racheté et signé afin de les exposer. Un livre a été édité par les Editions de la Vie Moderne, et les images existent en NFT. L’illusion se présente ici sous la forme d’un univers dystopique et satirique mais aussi, d’une pop culture consumériste dans laquelle l’artiste lui-même décide de s’engouffrer.