Le dimanche 15 octobre 2023, la Résidence 1+2 a désigné les lauréates de sa 9e édition. La photographe invitée Céline Clanet formera, durant deux mois, un trio avec Gaëlle Delort et Alžběta Wolfová. À Toulouse, toutes trois développeront leurs travaux respectifs inspirés par les connexions au sein du vivant.
« Il est vrai qu’à première vue, tout oppose photographie et science : elles n’ont ni le même objet, ni les mêmes méthodes et finalités. Si la première convoque le sensible et les imaginaires, la seconde s’inscrit dans la raison et la réalité. Et pourtant, à y regarder de plus près, elles ont en commun de questionner le monde en rendant visible l’invisible, repoussant les frontières de la connaissance, donnant à voir autrement », déclare Philippe Guionie, directeur de la Résidence 1+2. Depuis sa création en 2015, l’événement ne cesse de faire dialoguer les deux disciplines pour tisser des liens, explorer le monde, ou même aborder la question de l’urgence écologique. Pour ce faire, chaque édition réunit un·e photographe de renom et deux auteurices émergent·es durant deux mois, à Toulouse. Parrainée par l’historien de l’art Michel Poivert, la spécialiste de photographie contemporaine et commissaire d’exposition Emilia Genuardi et l’océanographe géochimiste et directrice de recherche au CNRS Catherine Jeandel, la 9e édition de la résidence se déroulera du 1er février au 31 mars 2023.
Passer la nature au microscope
C’est ce dimanche 15 octobre que les membres du jury se sont réuni·es en public pour désigner les lauréat·es 2024 : la photographe invitée Céline Clanet participera à la Résidence 1+2 aux côtés des artistes émergentes Gaëlle Delort et Alžběta Wolfová. Épaulées par les collectivités territoriales et institutions universitaires et scientifiques de la Ville rose, elles présenteront leurs travaux respectifs en octobre et novembre prochains.
Diplômée de l’ENSP d’Arles, Céline Clanet développe une œuvre personnelle inspirée par les lieux secrets ou inconnus et les êtres vivants qui l’habitent. Dans Ground Noise, un projet monochrome à la poésie sensible, elle joue par exemple avec les échelles pour explorer le monde foisonnant d’une faune composée d’insectes et d’arthropodes, et nous invite à observer, avec un nouvel œil, un univers aussi étrange que familier. Installée en Lozère, Gaëlle Delort – elle aussi ancienne étudiante à l’ENSP – s’intéresse quant à elle à l’architecture, la géologie et la littérature. Collectant divers indices qu’elles trouvent au cours de ses errances, elle s’attache à souligner, à travers ses images, les résonances entre les temporalités humaines et géologiques. Durant la résidence, elle envisage d’étudier les liens entre photographie et spéléologie. Enfin, venue de République tchèque, c’est aux Beaux-Arts de Paris et à l’Académie des Arts appliqués de Prague qu’Alžběta Wolfová s’est formée. Passionnée par les liens que l’on entretient avec les animaux, elle entend développer, durant deux mois, son projet Histoires d’insectes. Une série de mises en scène donnant à voir des parties d’insectes pour interroger les enjeux de la représentation du vivant. « Il s’agit d’une exploration de la morphologie animale à travers des photogrammes », explique-t-elle. Liées par les connexions qui existent au cœur du vivant, toutes trois s’approprient différentes écritures photographiques pour passer la nature au microscope.