Finaliste du Prix Picto 2019, la Parisienne Rosanna Lefeuvre propose une œuvre à la croisée des arts. En mêlant textile et image, elle construit un univers sensuel et sensoriel.
Née en 1993, Rosanna Lefeuvre est une artiste jouant avec plusieurs médiums, notamment la photographie et le tissage. C’est à seize ans qu’elle découvre le 8e art, lorsque son compagnon lui offre un boîtier argentique. « Nous avions fabriqué un laboratoire dans sa baignoire, afin de pouvoir développer les pellicules », se souvient-elle. Après s’être tournée vers des études de textile, l’auteure emménage à Helsinki avec une photographe, et l’observe travailler. Une proximité avec l’image qui lui redonne envie de sortir son appareil photo.
« Je définirais ma pratique comme picturale, instinctive et tactile. J’accorde également une place importante à la couleur », explique Rosanna Lefeuvre. En imprimant ses clichés sur des tissus, l’artiste joue avec la représentation de l’image. La sensualité naît des vagues que forme le textile. Au sein de ses œuvres, corps féminins et matières se cherchent, se complètent et fusionnent.
Transformer les images en textile
Présentée au Prix Picto 2019, la série photographique Jane marque le début de la carrière de l’artiste. « Elle est la première personne ayant posé pour moi. Les images étaient à l’origine destinées à devenir des tissages ou des étoffes imprimées, mais j’ai finalement décidé d’en conserver certaines, car elles se suffisaient à elles-mêmes », confie Rosanna Lefeuvre. Dans les œuvres, pourtant, la matière demeure, et métamorphose l’image. Palette pastel, peau lactée et vêtements souples composent chaque photographie. Inspirée par les peintres du 18e siècle, l’artiste construit des clichés picturaux, qui donnent envie d’être touchées. « Mon rapport à la matière devient concret lorsque je transforme mes images en textile, précise-t-elle. Je choisis les textures et les couleurs comme un peintre sélectionne ses outils. Mon matériel ? Un boîtier, des fils, un métier Jacquard et des encres de sérigraphie. »
En mêlant ces deux disciplines, Rosanna Lefeuvre construit des images hybrides. L’environnement qu’elle capture semble apparaître en relief, sublimant les différentes matières de ses mises en scène. Fleurs, étoffes et corps dénudés invitent le regardeur à plonger dans un univers sensuel et sensoriel, animé par l’érotisme et la féminité. Une interprétation fascinante du médium photographique.
© Rosanna Lefeuvre