Imaginez un monde où votre corps peut prendre n’importe quelle forme, où votre logement ne vous coûte pas un centime, où vous pouvez passez nuit et jour à danser en boîte ou vous promenez dans une forêt féérique avec vos ami·es à tête de souris. Bienvenue sur VRChat, une plateforme en ligne qui permet à une communauté d’environ 70 000 personnes de créer leurs propres avatars et mondes virtuels 3D.
Paola Chapdelaine, photographe fraichement diplômée de l’ICP de New York a plongé dans ce drôle d’univers en suivant Silent et Radar, deux amies ferventes utilisatrices. « Je me suis intéressée à celleux qui évoluent sur ces plateformes de réalité virtuelle comme leur réalité principale. J’essaie de comprendre les mutations profondes qui pourraient survenir à travers ces nouveaux modes d’être et d’interagir », explique-t-elle. Dans la vraie vie, Silent est une jeune femme transgenre vivant dans un milieu rural du Connecticut. Quand elle enfile son casque VR, elle est une DJ/VJ reconnue se sentant davantage en lien avec son avatar qu’avec son propre corps physique. Radar, elle, vit à New York dans un appartement à loyer modéré avec sa famille, faute de pouvoir se loger par ses propres moyens, et considère VRChat comme « une simulation d’un monde sans propriétaires. » Elle mène une vie étonnamment analogique où elle accède à la plateforme via un vieux moniteur à tube cathodique relié à une autre télévision vintage. « Pour Silent et Radar, ce n’est pas seulement un jeu, c’est un mode de vie qui offre des possibilités illimitées permettant d’incarner n’importe quelle identité dans un espace sûr et de collaboration sans limites », assure la photographe.