Du 7 novembre au 21 décembre, la galerie Les filles du calvaire à Paris, accueille deux artistes uniques dans son espace au 21 rue Chapon : les photographes Tania Franco Klein et Todd Hido, qui à travers leurs univers brossent un portrait complexe et cathartique du monde contemporain.
Pour la première fois à Paris, à la galerie Les filles du calvaire, Tania Franco Klein présente son travail photographique et en particulier ses deux séries majeures : Break in case of emergency et Subject studies. Née en 1990 au Mexique, la photographe vit et travaille entre le Mexique, le Royaume-Uni et les États-Unis. Elle se consacre actuellement à la photographie, aux GIFs et à l’art d’installation. Avec son travail, elle mène une réflexion sur la catharsis, c’est-à-dire la mise en scène de la tragédie qui permet d’évacuer et tempérer les passions.
C’est autour du lexique de la mélancolie que son œuvre rencontre celle de Todd Hido, photographe américain, qui s’intéresse, quant à lui, aux paysages. La galerie lui consacre une exposition, Fragmentary narratives, qui se déroule en parallèle de celle de Tania Franco Klein, donnant ainsi vie à un duo visuel qui semble s’entendre à merveille. Les deux adoptent une écriture atmosphérique, empreinte de solitude, de nostalgie et d’inconscient. Les paysages de l’un sont remplis d’une puissance cinématographique. L’interprétation de l’histoire est néanmoins laissée aux spectateurices, parties prenantes de ces compositions. Dans la série de l’autre, Subject studies, le rôle du ou de la regardeur·se est tout aussi crucial : le bagage culturel et personnel de chacun·e influence sa perception de la scène photographiée et des personnages qui s’y trouvent.
Catharsis illustrée
Break in case of emergency est le témoignage de la fascination de Tania Franco Klein pour le concept aristotélicien de « catharsis ». Dans ses images, principalement des autoportraits, la photographe tente de donner libre cours aux angoisses du monde moderne en mettant en scène de prétendues « tragédies ». Les images dégagent ainsi une impression de drame, de théâtralité, comme si un film se déroulait devant nous… Dont nous devrions inventer la fin. Des émotions multiples et profondes émergent, comme expression d’un inconscient collectif. L’atmosphère est énigmatique et mystérieuse : elle nous exhorte à aller au-delà des supposés tabous.
Cette recherche se prolonge dans Subject studies, une étude presque anthropologique dans laquelle l’artiste expose une même scène en plusieurs versions, en fonction du point de vue de qui la regarde. L’image devient ainsi un objet de projections dans lequel chacun·e aperçoit, au fond, sa propre histoire. Avec obstination, la photographe nous invite à confronter l’inconnu. Présentée jusqu’au 21 décembre aux Filles du calvaire, la série a été récemment acquise par le MoMA et le Getty. Sa première publication, Positive Disintegration (2019), a été nominée pour le Paris Photo Aperture Foundation Award.