Marine Etoubleau et Thibault Pailloux nous emmènent dans un road trip américain avec leur livre Westside Drive. Une plongée pleine de réalisme sur les terres de l’Oncle Sam à découvrir sans plus attendre !
90 jours sur les routes de l’Ouest américain. C’est le périple vécu par Marine Etoubleau et Thibault Pailloux et qui les a amenés à sortir Westside Drive, un livre retraçant leur voyage. Ce couple de designers graphiques est tombé amoureux de la photographie d’architecture et de nature qui possède néanmoins une trace du passage de l‘Homme. Enfants des années 1990 bercé·es par la culture américaine des films et séries diffusée·s à la télévision, c’est tout naturellement qu’iels font des États-Unis leur destination. Déroulant leur projet tel un fil, leur volonté première est de donner envie de voyager tout en gardant une disparité d’une image à l’autre et une cohérence dans le récit. « On a voulu faire du Théo Gosselin, on n’a pas réussi (rire) » confient-iels.
Trois mois. C’est la durée qu’iels ont passée dans une voiture louée, entre nuits en tente ou chez l’habitant·e. Accompagnés de leur chien Kuzco, iels ont sillonné pas moins de onze États et une quinzaine de parcs nationaux toujours en illustrant grâce à leurs appareils photo argentiques « le plus grand voyage de leur vie ». Pourtant organisé dans les moindres détails, les aléas auront obligé le couple à improviser et sortir de leur zone de confort. Comme dans toute aventure, il est rare que le plan se déroule sans accroc. Un désistement pour un logement, les laissant sans endroit où dormir, ou encore un appareil photo qui lâche, obligeant le binôme à développer des photos directement sur place et découvrir qu’elles ne sont pas satisfaisantes… que de rebondissements qui finalement font le charme d’un road trip ! Mais surtout, qui leur ont permis de prendre conscience des difficultés et les ont incités à être plus réfléchi·es et toujours plus exigeant·es envers elleux-mêmes. « On fonctionne un peu au feeling. Ce sont des paysages que l’on connait déjà, le but était de prendre des photos « à côté » qui retracent le voyage, mais pas de la même façon », explique le duo.
Le rêve américain
« On aime bien les choses qui ne sont pas les plus sexy de prime abord, celles qui, dans un tout, vont s’épanouir », explique le duo. Pour Marine Étoubleau et Thibault Pailloux la photographie permet de rendre les choses les plus inattendues belles. Avec un boîtier qui navigue de mains en mains selon les aspirations de chacun·e, le travail en duo évoque simplicité et vérité. « On n’est pas très fan des photos avec des réglages où la pause est longue, on est moins dans la technique, confie Marine. On préfère la simplicité pour capturer l’instant. On aime bien les champs contre champs ou les choses en premier plan ». Leur livre, construit comme un carnet de bord, nous fait vivre au rythme du rêve américain. Des paysages du Colorado ou du Montana aux voitures old school typiques de la représentation que l‘on se fait du pays de l’Oncle Sam, rien n’est laissé de côté. On se plonge dans un univers dont l’allure fait penser aux clichés de Stephen Shore ou encore Joel Meyerowitz. « Leurs travaux nous ont inspirés indirectement, car ce sont des images que l’on a vues plusieurs fois. Puis aux États-Unis, les choses n’ont pas forcément évolué, certaines facettes restent vieillottes, ce qui donne envie de faire ce genre de photo », s’épanche Marine. Quant à Thibault, il préfère évoquer Romain Laprade pour les couleurs, l’architecture et le travail des angles ainsi que Martin Parr et son côté décalé, « même si, prendre les gens en photos est quelque chose à travailler ». Ces deux grand·es timides n’ont pas encore eu le déclic de ce côté-là.
Ce qui ne les a pas empêché·es de figer sur papier de l’être humain, notamment des personnes âgées, réelle fascination des deux photographes « elles sont très souvent bien habillées, ce qui les fait ressortir dans les paysages de dingue », s’amuse Thibault. Avant d’ajouter que la première photo du livre représentant des séniors vêtu·es en rouge et vert n’a pas été de tout repos. « À ce moment-là l’argentique n’a jamais voulu prendre la photo, ça ne marchait pas ! Elle n’est pas parfaite, mais on l’aime quand même, elle a été méritée ! ».