L’exposition De prime abord, accueillie par la Galerie Bigaignon, met en avant les premiers travaux de Yannig Hedel, des expérimentations autour de la lumière, de l’ombre, et des formes inattendues qui se créent à travers ces jeux subtils. À découvrir jusqu’au 9 mars.
D’étranges jeux de lumières, des ombres aux formes polymorphes, des tirages épurés, décrivant le monde d’une manière inédite : l’écriture photographique de Yannig Hedel a quelque chose d’unique, d’immédiatement reconnaissable. Avec l’exposition De prime abord, la Galerie Bigaignon présente la troisième exposition monographique de l’artiste. Il s’agit d’une sélection resserrée de ses tout premiers travaux, étalés sur une période de dix ans, de 1976 à 1986. Passionné d’architecture, l’artiste s’installe à Lyon à l’âge de 22 ans et se lance dans la découverte de la métropole, à l’affût de contrastes entre ombres et lumières. Face à la sensation de rapidité que l’on prête à la Ville des Lumières, l’artiste préfère capturer les impressions de suspension. Graphiste et dessinateur de formation, il développe rapidement un langage photographique iconoclaste, mêlant architecture, géométrie et une grande poésie, surgissant spontanément de ces créations mystérieuses, aux formes évocatrices. Il réalise ses premiers tirages, faits ses gammes et développe peu à peu en chambre noire une habilité qui fera de lui un maître-tireur. C’est d’ailleurs cette période, que l’on pourrait définir d’initiatique, qui est présentée au cœur de l’exposition.
L’essence d’une recherche esthétique
Ciels et bâtiments se succèdent, entremêlés aux textures argileuses et bétonnées propres à l’espace urbain. Une échelle de blancs et de gris qui conjugue clarté et obscurité ainsi qu’une recherche formelle pointue : c’est ainsi que naît le « style Hédelien ». L’artiste chérit l’épuration, la simplicité et donne vie à une photographie minimaliste. L’art minimal en général est d’ailleurs l’une des sources d’inspiration majeures d’Hedel, qui se plaît à l’appliquer au 8e art en développant un langage tout à fait unique.
Ici, les contrastes sont à peine plus visibles que dans ses travaux récents, en témoignant d’une envie de subtilité dans l’usage de la saturation. La photographie d’Hedel tient à l’équilibre entre figuration et abstraction. Elle s’engage dans une description concrète et tangible de l’espace urbain, tout en refusant d’en définir les contours. De prime abord n’est pas une simple rétrospective, mais une fenêtre ouverte sur les premiers pas d’un photographe qui, très jeune, avait déjà saisi l’essence de sa recherche esthétique. Comme l’annonce la Galerie Bigaignon : « l’exposition révèle enfin deux surprises de taille : une œuvre de 1983 qui se distingue de toutes les autres tant par sa tonalité et que par le fait que, chose rarissime, des personnages y apparaissent, et une composition majeure de 13 tirages argentiques, issue de la série De Labore Solis, clef de voûte à la compréhension d’un travail guidé par le temps ».