Yannig Hedel : l’équilibre subtil de l’ombre à la lumière

13 février 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Yannig Hedel : l'équilibre subtil de l'ombre à la lumière
© Yannig Hedel
© Yannig Hedel
© Yannig Hedel
© Yannig Hedel

L’exposition De prime abord, accueillie par la Galerie Bigaignon, met en avant les premiers travaux de Yannig Hedel, des expérimentations autour de la lumière, de l’ombre, et des formes inattendues qui se créent à travers ces jeux subtils. À découvrir jusqu’au 9 mars.

D’étranges jeux de lumières, des ombres aux formes polymorphes, des tirages épurés, décrivant le monde d’une manière inédite : l’écriture photographique de Yannig Hedel a quelque chose d’unique, d’immédiatement reconnaissable. Avec l’exposition De prime abord, la Galerie Bigaignon présente la troisième exposition monographique de l’artiste. Il s’agit d’une sélection resserrée de ses tout premiers travaux, étalés sur une période de dix ans, de 1976 à 1986. Passionné d’architecture, l’artiste s’installe à Lyon à l’âge de 22 ans et se lance dans la découverte de la métropole, à l’affût de contrastes entre ombres et lumières. Face à la sensation de rapidité que l’on prête à la Ville des Lumières, l’artiste préfère capturer les impressions de suspension. Graphiste et dessinateur de formation, il développe rapidement un langage photographique iconoclaste, mêlant architecture, géométrie et une grande poésie, surgissant spontanément de ces créations mystérieuses, aux formes évocatrices. Il réalise ses premiers tirages, faits ses gammes et développe peu à peu en chambre noire une habilité qui fera de lui un maître-tireur. C’est d’ailleurs cette période, que l’on pourrait définir d’initiatique, qui est présentée au cœur de l’exposition.

L’essence d’une recherche esthétique

Ciels et bâtiments se succèdent, entremêlés aux textures argileuses et bétonnées propres à l’espace urbain. Une échelle de blancs et de gris qui conjugue clarté et obscurité ainsi qu’une recherche formelle pointue : c’est ainsi que naît le « style Hédelien ». L’artiste chérit l’épuration, la simplicité et donne vie à une photographie minimaliste. L’art minimal en général est d’ailleurs l’une des sources d’inspiration majeures d’Hedel, qui se plaît à l’appliquer au 8e art en développant un langage tout à fait unique.

Ici, les contrastes sont à peine plus visibles que dans ses travaux récents, en témoignant d’une envie de subtilité dans l’usage de la saturation. La photographie d’Hedel tient à l’équilibre entre figuration et abstraction. Elle s’engage dans une description concrète et tangible de l’espace urbain, tout en refusant d’en définir les contours. De prime abord n’est pas une simple rétrospective, mais une fenêtre ouverte sur les premiers pas d’un photographe qui, très jeune, avait déjà saisi l’essence de sa recherche esthétique. Comme l’annonce la Galerie Bigaignon : « l’exposition révèle enfin deux surprises de taille : une œuvre de 1983 qui se distingue de toutes les autres tant par sa tonalité et que par le fait que, chose rarissime, des personnages y apparaissent, et une composition majeure de 13 tirages argentiques, issue de la série De Labore Solis, clef de voûte à la compréhension d’un travail guidé par le temps ».

© Yannig Hedel
© Yannig Hedel
À lire aussi
La Galerie Bigaignon et ses vacances en noir et blanc
© Harold Feinstein / Courtesy of Galerie Bigaignon
La Galerie Bigaignon et ses vacances en noir et blanc
La galerie Bigaignon présente, jusqu’au 29 aout 2023, l’exposition Voyages en Noir & Blanc regroupant plusieurs artistes.
08 août 2023   •  
Écrit par Lucie Guillet
Cacher pour révéler
Cacher pour révéler
Hautement graphiques, les créations visuelles de Bastiaan Woudt nous emportent dans un monde où la mode et le minimalisme vont de pair….
20 avril 2023   •  
Écrit par Finley Cutts
Explorez
La sélection Instagram #510 : Quand le flou fait image
@ Daniel Rampulla / Instagram
La sélection Instagram #510 : Quand le flou fait image
Le flou peut transformer, voiler ou révéler ce qui habite une image. Les photographes de notre sélection Instagram de la semaine jouent...
10 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les coups de cœur #546 : Marine Toux et Aziyadé Abauzit
© Marine Toux
Les coups de cœur #546 : Marine Toux et Aziyadé Abauzit
Dans leurs travaux respectifs, Marine Toux et Aziyadé Abauzit, nos coups de cœur de la semaine, font toutes deux l’éloge du fragment. La...
09 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 2 juin 2025 : vide, étrangeté et expositions
© Marie Le Moigne / Instagram
Les images de la semaine du 2 juin 2025 : vide, étrangeté et expositions
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye vous parlent d’étrangeté, évoquent un vide à combler et vous font découvrir...
08 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
La sélection Instagram #509 : promenade abracadabrantesque
© Ada Retegan / Instagram
La sélection Instagram #509 : promenade abracadabrantesque
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine convoquent l’étrange. Déformation, fuite de couleurs, surréalisme, chacun·e...
03 juin 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Nadya Akane, dans la série In Praise of Silence © Eman Ali
Eman Ali : dans les interstices des identités tokyoïtes
Eman Ali compose The Praise of Silence, fruit d’une résidence artistique à Tokyo. La photographe explore, dans un travail collaboratif...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d'Arles 2025
Extrait de Father (Atelier EXB Paris, 2024) © Diana Markosian
18 séries photo à découvrir aux Rencontres d’Arles 2025
Alors que la 56e édition des Rencontres de la photographie d’Arles approche à grands pas, la rédaction de Fisheye vous invite à...
Il y a 11 heures   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #510 : Quand le flou fait image
@ Daniel Rampulla / Instagram
La sélection Instagram #510 : Quand le flou fait image
Le flou peut transformer, voiler ou révéler ce qui habite une image. Les photographes de notre sélection Instagram de la semaine jouent...
10 juin 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Au fil des pages du joli Cafoucho de Boby
Cafoucho © Boby
Au fil des pages du joli Cafoucho de Boby
Boby sort son premier livre, Cafoucho, publié chez Fisheye Éditions. Mêlant exigence informative et recherche esthétique, il compile...
09 juin 2025   •  
Écrit par Anna Rouxel