Évidemment, cela devait bien nous arriver. Plus de deux ans à s’interroger sur la photo, il fallait forcément que l’on tombe sur le sujet de la collection. Pour choisir nos dossiers, nous mettons tous les thèmes qui nous passent par la tête sur des petits bouts de papier dans un bocal, on mélange et on demande au plus jeune de tirer au sort. On cherchait bien à l’éviter, la collection, mais là, on n’a pas eu le choix, il ne restait plus que celui-là. Il a fallu s’y coller. On a commencé par ceux qu’on aime bien, les auteurs, ces photographes qui ont des choses à exprimer à travers leurs images. Ils ont souvent une place de choix dans les collections privées ou publiques, comme celles de la Maison européenne de la photographie ou du Fonds national d’art contemporain qui nous ont ouvert grand leurs portes. Et puis, nous nous sommes frottés aux collectionneurs avant de nous attaquer au ressort psychologique de la chose. Mais la vraie problématique de la collection est celle du sens. Quelle signification donnons-nous à une collection, en tant que propriétaire ou spectateur ? Est-ce un acte artistique ou mercantile de collectionner ? Finalement, elle n’était pas si mal, cette thématique. Même très chouette, en fait. Mais on va devoir remettre des papiers dans le bocal.
Dans ce numéro automnal, nous avons essayé de sortir des petites pépites, comme le travail incroyable (si, si, vraiment) de Stephan Vanfleteren sur Charleroi ou les reportages au long cours d’Olivier Jobard et de Samuel Gratacap sur les phénomènes migratoires commencés depuis de nombreuses années. Nous avons aussi prévu des papiers de fond, comme celui sur la photographie arabe, et des portfolios très poétiques tels celui de Juliette-Andrea Elie ou celui de la Sud-Coréenne Mi-Yeon.