Et si Peter Pan était un skateur ?

06 janvier 2021   •  
Écrit par Finley Cutts
Et si Peter Pan était un skateur ?

Dans Kids of Hate and Love, le photographe américain Mike Belleme capture la vie de ses amis les plus proches – et ce, depuis 12 ans. Le temps s’écoule et les rêves s’estompent pour cette bande de skateurs, qui peine à tourner la page. Un récit entre nostalgie et résilience.

« Avant la photographie, il y avait le skate. Rien d’autre n’a pu capturer l’intensité et la plénitude de mon être comme le skateboard l’a fait pendant une douzaine d’années de ma vie »

, confie le photographe Mike Belleme, originaire de la Caroline du Nord. Il saisit dans son travail une nostalgie partagée par toute une génération d’ex-skateurs, ayant grandi dans les années 90. Pour l’artiste, la photographie est liée à la pratique. « Je portais mon appareil photo quand je partais faire du skate. Je n’ai jamais été intéressé par les images de figures typiques. Il s’agissait plutôt d’attraper les émotions de mes amis. Quand on sautait des barrières, quand les flics nous couraient après, etc. », se souvient l’auteur. Comme pour retenir le temps, l’artiste immortalise une jeunesse qui s’éloigne à mesure que les rêves s’effacent.

Des premiers boulots aux premiers enfants, Mike Belleme fait le récit d’une bande de potes entrant dans l’âge adulte. Le fil rouge ? Leur passion commune. « Mon amour pour la photographie a pris le pas sur le skate. C’était excitant, mais ça m’a aussi fait peur », poursuit le photographe. « Cette dichotomie émotionnelle –  ma passion pour le travail photo et la crainte de perdre ce que j’avais – est devenue la raison principale de ce projet, poursuit-il. J’explorais une sous-culture qui a façonné ma vie à travers un médium qui le remplaçait lentement ». On retrouve les mêmes sujets, année après année, dans leur voyage à travers la vie. En résulte une œuvre honnête et attachante, nourrie des sentiments les plus intimes.

© Mike Belleme

Entre acceptation et résignation

Œuvre intimement vivante, Kids of Hate and Love traduit la complexité de nos émotions les plus ordinaires. Au départ, rythmées et dynamiques, les images exaltent les espoirs d’une jeunesse libre et ambitieuse. « Elles traitent de toute la gamme d’émotions intenses qu’on ressent quand on donne tant de soi-même. Quand on se donne entièrement, et qu’on pousse notre corps jusqu’au bout ». Avec l’âge, s’ajoutent à cette ardeur des niveaux de lecture nuancés, parfois paradoxaux, entre acceptation et résignation. C’est quand il voit ses amis vivre les mêmes transitions que lui, tiraillés par des choix professionnels ou familiaux, que son projet prend un nouveau sens : une trace tangible d’un passé partagé. « Je les ai vus essayer d’équilibrer leurs vies entre les différentes péripéties et leur amour du skateboard », précise-t-il.

De l’euphorie à la mélancolie, de l’amour à la peine, un air de Peter Pan plane sur ces images. Car Mike Belleme raconte avec grande sincérité, le passage à la maturité. Témoignage poignant de ces parcours entrecroisés, cette série nous invite à ressentir leurs frustrations, et leurs envies, sur un fond de poésie du banal. « Avec l’âge, viennent de nouvelles perspectives. Tout cela commence à sembler un peu moins important. Mais au fond, c’est seulement le skate qui ne l’est pas. Ces images sont une façon de me souvenir de la partie qui compte réellement », conclut le photographe. Les visages vieillissent, et les envies changent, mais les amitiés tiennent la route, avec ou sans skate.

© Mike Belleme© Mike Belleme

© Mike Belleme

© Mike Belleme© Mike Belleme

© Mike Belleme

© Mike Belleme© Mike Belleme

© Mike Belleme

© Mike Belleme© Mike Belleme

© Mike Belleme

© Mike Belleme© Mike Belleme

Kids of Hate and Love © Mike Belleme

Explorez
Les images de la semaine du 13.01.25 au 19.01.25 : la mémoire du vivant
© Alžběta Wolfova, Enveloppe, Muséum Victor Brun à Montauban.
Les images de la semaine du 13.01.25 au 19.01.25 : la mémoire du vivant
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye évoquent différents aspects de la mémoire, du vivant et des sciences.
19 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les 50 ans de la loi Veil : regards photographiques sur l'avortement
© Kasia Strek. The Price of Choice. Granite City, Illinois, USA, 19.07.2022
Les 50 ans de la loi Veil : regards photographiques sur l’avortement
Le 17 janvier 2025 marque le cinquantième anniversaire de la loi Veil, légalisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France....
17 janvier 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Angela Strassheim : crime éclairé
Preuve n°10. Evidence © Angela Strassheim
Angela Strassheim : crime éclairé
Formée à la photographie médico-légale, Angela Strassheim pose le décor d'énigmes non élucidées dans sa série Evidence. Puisant dans les...
16 janvier 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
18 séries de photographies qui évoquent des crimes et des faits divers
© Kourtney Roy
18 séries de photographies qui évoquent des crimes et des faits divers
À l’occasion de la sortie de Fisheye #69, nous avons sélectionné une série de projets, publiés sur les pages de notre site, qui...
15 janvier 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Nos derniers articles
Voir tous les articles
La sélection Instagram #490 : jardin secret
© Talya Brott / Instagram
La sélection Instagram #490 : jardin secret
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine confectionnent un nid douillet. Sur leurs images se dévoilent un cocon familial...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
© LickieMcGuire
Les coups de cœur #528 : Mélodie Roulaud et LickieMcGuire
Mélodie Roulaud et LickieMcGuire, nos coups de cœur de la semaine, se livrent toutes deux à une pratique photographique ayant trait à...
20 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 13.01.25 au 19.01.25 : la mémoire du vivant
© Alžběta Wolfova, Enveloppe, Muséum Victor Brun à Montauban.
Les images de la semaine du 13.01.25 au 19.01.25 : la mémoire du vivant
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye évoquent différents aspects de la mémoire, du vivant et des sciences.
19 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
© Charlotte Robin
Blue Monday : 24 séries de photographies qui remontent le moral 
Depuis 2005, chaque troisième lundi de janvier est connu pour être le Blue Monday. Derrière ce surnom se cache une croyance, née d’une...
18 janvier 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet