Dans Of river and lost lands, Sarker Protick documente les sautes d’humeur de la rivière Padma, un cours d’eau qui se situe au Bangladesh. Il y dresse le portrait d’une nature puissante, capable d’aider l’Homme, comme de l’handicaper.
Le bangladais Sarker Protick se définit comme un « photographe bipolaire », alternant entre les coups d’éclat spontanés et les projets de longue haleine aux récits approfondis. Of river and lost lands fait partie de cette deuxième catégorie. Sarker y présente la rivière Padma, un cours d’eau du Bangladesh, dans sa beauté froide et mélancolique. Les images sont minimales, traversées par le brouillard et semblent s’estomper à la manière d’une aquarelle. Une atmosphère bien particulière que le photographe recherchait tout particulièrement. « Je prenais des photos de cette rivière seulement durant ces journées maussades, pour que la lumière reste douce, froide et brumeuse », explique-t-il. Si le territoire semble désert, abandonné par l’humanité, au fil des photos, des traces de vie surgissent, vives et contrastées.
Une rivière personnifiée
Pour Sarker, l’eau est la protagoniste du récit. C’est elle qui régit le quotidien des habitants. Lors de la saison des moussons, elle devient impétueuse et inonde les terres, détruit l’agriculture. « Les hommes et la rivière entretiennent une relation complexe » précise Sarker. « À la fois intime et sans pitié. Elle alterne entre besoin et destruction. L’eau apporte tant à ce peuple, mais elle peut parfois tout reprendre ». Pour le photographe, ce cours d’eau représente la nature. Une nature dominatrice, que l’on ne peut ignorer. Bercé par des préoccupations écologiques, Of river and lost lands redonne son pouvoir à l’eau, et illustre, tout en sobriété, les conflits entre l’homme et son territoire. « La rivière Padma est si puissante qu’il était difficile de ne pas en faire le personnage principal de cette histoire », conclut le photographe.
© Sarker Protick