Réalisme magique, c’est le terme qui pourrait définir l’œuvre d’Hélène David. Dans son ouvrage Noces ou Les Confins sauvages, les photographies dialoguent avec des dessins en relief et des poèmes. Une plongée en apnée dans l’univers merveilleux et sauvage de la Méditerranée.
L’ouvrage d’Hélène David, publié par les éditions Sun Sun, est un objet étrange et fascinant. Les photographies, échos de voyages maritimes et délicats, mêlent hommes, animaux et nature dans une forme de transcendance. À leurs côtés, des pages en relief, dessins de Gildas Sécrétan, ponctuent le récit. « C’est une expérience tactile », explique Hélène, « un fossile, une empreinte, quelque chose de disparu qui viendrait s’inscrire dans la matière ». Les pages dialoguent, donc, entre les instants éphémères, fluides des clichés, et l’empreinte éternelle dans le papier. Puis l’histoire s’achève, sur des mots de Donatien Garnier, poète et ami de la photographe. « Il ferme le récit visuel, comme une porte sonore et âpre, une forme de brutalité », dit-elle.
Durant seize ans, Hélène David a embarqué sur des bateaux partant loin et longtemps pour partager le quotidien des marins. Cette expérience, cet enfermement au milieu du grand large sauvage, l’inspire. Au cours de séjours en Alaska, elle découvre le rythme de vie des Inuits et leur relation à la nature. « Cela m’a permis d’identifier différemment l’être et son environnement. Comment nouer d’autres modes de relations ? Comment appréhender le corps dans sa continuité avec le milieu ? » Noces ou Les Confins sauvages se crée alors, petit à petit, entre relation au vivant et vulnérabilité.
Excursion sensuelle dans le monde sauvage
Photographiées en grande partie dans le Parc national des Calanques, les images évoquent un espace à la fois familier et étranger, réel et fantastique. « Je perçois toujours dans cet espace un au-delà du réel », confie Hélène. Et dans cet univers suspendu entre deux mondes, les photos sont à la fois sensuelles et poétiques. Animaux et corps humains se lient pour former un tout libéré. « Il s’agissait de rendre perceptible cette idée d’une même communauté d’origine, un monde aux frontières perméables, où corps, astragales, méduses, puffins, oblades sont une même continuité. » Bien sûr, l’ouvrage est porté par des enjeux écologiques, mais ici, le nature writing l’emporte. Cette volonté d’inscrire la nature comme un protagoniste de l’histoire, aux côtés de l’être humain. Ainsi, les pulsions naturelles ressurgissent, dans une traversée sensuelle aquatique. « J’aime la façon dont les corps se recentrent et se déploient au contact du sauvage », déclare Hélène. Son ouvrage, en tous cas, resplendit de force et de poésie.
Noces ou Les Confins sauvages, Sun Sun éditions, 50 €, 150 p.
© Hélène David