Confronté à la maladie de sa grand-mère et à ses propres questionnements existentiels, le photographe hongrois Balázs Turós sonde l’âme humaine dans sa série The Nature of Things. Avec délicatesse et pudeur, il réalise des images tout en symbole, en collaboration avec son aïeule.
Une femme à la chevelure argent, seule dans une nature sauvage, nous regarde. Elle plonge ses mains dans la rivière, habite le creux d’un arbre et dort camouflée dans les hautes herbes. Elle semble au seuil de sa vie, apaisée et emplie d’un savoir sur l’existence que l’on souhaiterait qu’elle partage avec nous. Ces images, tantôt en couleur, tantôt en noir et blanc, ont été réalisées par le photographe hongrois Balázs Turós, en collaboration avec sa grand-mère, alors atteinte de démence. « Je crois que les humain·es sont les seuls êtres vivants à être conscients de la finalité de la vie. Mais comment reconnaître le caractère éphémère de notre personnalité dans une société individualiste ? J’avais entamé un projet photo autour de ce questionnement, lorsque la maladie de ma grand-mère a été diagnostiquée », raconte-t-il.
Une collaboration thérapeutique
Le projet initial prend alors un autre tournant. Il observe les transformations physiques et mentales de sa grand-mère qui, jour après jour, s’éloigne peu à peu d’elle-même. La collaboration devient thérapeutique, pour elle qui voit sa maladie ralentir grâce aux stimuli que procurent leurs échanges, et pour lui qui s’efforce d’accepter l’ordre existant de ce monde et la finitude de la vie. Balázs Turós précise : « Depuis un an et demi, j’ai commencé à élargir mon observation en documentant le parcours de mon nouveau-né, afin d’établir un parallèle entre la naissance et la mort. Faire l’expérience de l’ordre perceptible du monde constitue l’essence de mes croyances et de mon approche photographique. Cela me donne une orientation. »