Le musée de Pont-Aven accueille l’exposition Écran total de Corinne Vionnet. Il s’agit de la première rétrospective de l’artiste franco-suisse. Elle aura lieu du 1er février au 4 mai 2025.
Écran total est la première rétrospective de l’artiste Corinne Vionnet. Cet évènement constitue une étape importante dans son parcours, auquel s’ajoute son ouvrage Paris Paris Paris, préfacé par Anne de Mondenard, qui vient de paraître aux éditions RVB Books et l’acquisition de plusieurs de ses œuvres par le musée Carnavalet à Paris. Dans son travail, l’artiste interroge la surcharge d’images auxquelles nous sommes exposé·es et le risque de l’épuisement du regard. Ses clichés sont le résultat d’une recherche considérable d’archives et de sessions de repérage. Avec leur effet flou et étourdissant, les photographies déforment les paysages en se transformant en des sortes de mirages. Par cette démarche, Corinne Vionnet tente de reproduire la sensation submergeante provoquée par le tourisme de masse. En effet, depuis près de vingt ans, elle ne cesse d’explorer les flux d’images produits dans le cadre de ces expériences. En déambulant dans l’exposition, le ou la visiteur·se est d’abord invité·e à « cheminer au milieu de vues touristiques prises aux quatre coins du monde. Peu à peu, elles prennent d’autres formes et d’autres sens et tentent de rendre palpables les flux, expliquent les curateur·ices. La succession des séries, comme leur articulation, ont pour ambition de questionner l’usure des images, leur disparition, comme le risque d’épuisement du regard ».
Quand le monde plonge dans le virtuel
Corinne Vionnet est la première artiste contemporaine présentée au musée de Pont-Aven. Ce choix n’est pas un hasard, quand on pense au nombre d’artistes ayant été attiré·es par le paysage de l’estuaire de l’Aven, devenu depuis un lieu de tourisme. Pour cette occasion, elle a créé deux œuvres inédites à partir de paysages bretons : la pointe de Pen-Hir (les fameux tas de pois) et la ville close de Concarneau. Au fil de plusieurs séries, dont certaines spécialement produites pour cette exposition, l’artiste aimante nos regards pour attiser la curiosité, mais aussi pour créer un sentiment déconcertant face à des lieux modifiés par les flux humains. En émerge une réflexion sur la production d’images que nous générons en tant que touristes, mais surtout, sur notre addiction aux écrans. Loin de toute volonté moralisatrice, Corinne Vionnet interprète le titre Écran total comme une simple question. Elle l’emprunte au livre du philosophe et sociologue Jean Baudrillard, publié en 1997, qui y interroge ce qui forge l’événement quand le monde plonge dans le virtuel.