Nos coups de cœur de la semaine, Maximilien Schaeffer et Nolwen Michel, sont à l’origine d’œuvres visuelles puissantes. Si le premier invite à une échappée picturale avec pour cadre le littoral de la Manche, la seconde donne à contempler un décor stylisé et fantaisiste typique des années 1980.
Maximilien Schaeffer
Il paraît parfois difficile de croire que les compositions de Maximilien Schaeffer n’ont pas été réalisées au crayon et à l’aquarelle, mais qu’elles naissent bel et bien de l’objectif de son appareil argentique. « Ma pratique est d’une part le moyen de capturer des instants avant qu’ils ne s’effacent, une façon de les rendre immortels, une résistance active au passage du temps et d’autre part une catharsis adoucissant les maux », révèle ce photographe-auteur et ingénieur. La nature prend dans sa photographie une part de taille, en particulier la richesse des paysages et des lumières selon les saisons. « Dans une démarche d’économie de moyens, pour moi et pour la planète », déclare Maximilien Schaeffer, il met en scène l’essentiel de ses images dans des milieux et des territoires qui l’environnent. Lui qui nourrit son inspiration de peintures de Van Gogh, de Staël ou de Joan Mitchell donne à voir avec une approche pictorialiste des images qu’il souhaite proche du mirage. Sa série Cherbourg. Seul. traduit un moment d’instabilité géographique, sentimentale et professionnelle que l’artiste a connue dans sa vie. Simple et puissante, elle suit littéralement un « fil rouge » puisque le rouge est la note de couleur qui attire le regard du ou de la spectateurice.
Nolwen Michel
« L’idée du souvenir éternel est devenu inconsciemment omniprésente dans ma vie », confie Nolwen Michel, une jeune photographe qui a fait de sa manie à garder les traces matérielles de ses souvenirs le déclencheur de sa pratique artistique. Cette Rennaise de 25 ans photographie depuis plusieurs années une part de sa réalité quotidienne et œuvre sous le pseudonyme Instagram @_anglemort. Quels aspects en particulier ? La sororité, en grande partie, mais aussi les injonctions et les diktats du corps, la dépendance, ou le fossé entre les générations. Sous l’œil de Nolwen Michel se déploient les modèles essentiellement féminins que sont ses amies, dont la manière d’être, l’histoire et la force inspirent son œuvre. « Les femmes que je capture se retrouvent figées dans des atmosphères douces, colorées, nostalgiques, à une époque révolue. J’aime compléter les portraits par des photographies de décors laissés à l’abandon, presque sauvage, toujours teintés de surréalisme », déclare-t-elle. Male Tears met par exemple en scène des femmes fières, ancrées dans un décor années 1980, adoptant des poses scénarisées – en résulte une œuvre cinématographique, qui dégage une esthétique sensible et colorée.