Cette semaine, plongée dans l’œil de Gareth Phillips. L’œuvre du photographe tente notamment de répondre à l’urgence climatique qui hante notre présent, et dans le même temps, de réimaginer avec une grande liberté le livre photo au-delà des conceptions habituelles – en les expérimentant comme des objets, des sculptures ou des installations. Pour Fisheye, il revient sur l’une de ses photographies marquantes.
« L’humanité ne reconnaît la majesté d’un environnement vierge qu’après l’avoir détruit. »
J’ai réalisé cette image lors d’un voyage en Australie et en Nouvelle-Zélande en 2017. On y voit un Pinus Patula, ou pin pleureur mexicain, qui réside dans les jardins botaniques de Melbourne, en Australie. Ces jardins appartiennent aux terres de la nation aborigène Kulin. J’ai d’abord été fasciné par les pins morts et les branches qui apparaissent au bas de l’arbre car, quelle qu’en soit la cause, ils semblaient résumer les dualités conflictuelles entre la conservation et la dégradation de l’environnement.
Ce conflit observé a inspiré la création du livre photo-sculpture Caligo, qui dépeint l’histoire fictive d’un groupe d’humains échappant à une catastrophe climatique et cherchant asile sur un éden extraterrestre, un environnement utopique rappelant l’Eden, appelé « Caligo ». Cette œuvre met en évidence le fait que l’humanité ne reconnaît la majesté d’un environnement vierge qu’après l’avoir détruit. Je dois beaucoup à ce pin pleureur mexicain, qui a servi de base à cette idée et à l’œuvre qui en a résulté.