» Elle s’est rendu compte que les fonds d’archives iconographiques étaient très pauvres en ce qui concerne la violence produite par les femmes – ou les femmes violentes. (…) Un déficit du patriarcat, enfermant les femmes dans le care et l’attention, mais pas dans une forme de puissance. »
Cette semaine, plongée dans l’œil de Mathieu Farcy et Perrine Le Querrec. Avec l’aide de la poétesse , celui-ci s’intéresse à la représentation des femmes violentes. Un sujet trop souvent invisibilisé par une société patriarcale. Pour Fisheye, iels reviennent sur une mystérieuse image, qu’iel présentent au sein de l’exposition La France sous leurs yeux, jusqu’au 23 juin à la BnF.
« C’est une image venue d’un projet intitulé Les Amazones n’existent pas, que l’on travaille depuis deux ans avec la poétesse Perrine Le Querrec. On forme un duo qui s’appelle Ply. Il s’agit d’un travail qui s’intéresse à l’iconographie de la violence produite par les femmes. Le point de départ ? Perrine a voulu écrire un roman dont les personnages principaux étaient des femmes violentes. À côté de son travail de poétesse, elle est recherchiste documentaire. Elle s’est rendu compte que les fonds d’archives iconographiques étaient très pauvres en ce qui concerne la violence produite par les femmes – ou les femmes violentes. Un déficit de représentation qui s’impose en fait comme un déficit du patriarcat, enfermant les femmes dans le care et l’attention, mais pas dans une forme de puissance.
Cette image a été réalisée à la prison de Riom, au nord de Clermont-Ferrand, avec une détenue qui s’appelle Maëva. Celle-ci est incarcérée pour incendie volontaire parce qu’elle a mis le feu à son appartement. Cela avait causé des dégâts matériels. S’il n’y avait pas eu de blessures physiques, elle avait occasionné une peur aux voisin·es. L’image représente un poing serré, avec des allumettes placées entre les doigts. Un symbole qui évoque à la fois l’idée du coup, celle de récupérer la puissance du feu chez les femmes, et une certaine intranquillité. Il y a un côté sorcière chez Maëva. Elle est petite, brune et musulmane, et nous disait qu’en Algérie, ces caractéristiques physiques étaient associées aux sorcières, qu’on lui avait beaucoup renvoyé cette idée. »