Le prix Niépce Gens d’images vient de révéler le nom de son 70e lauréat : il s’agit d’Ed Alcock. Au fil de ses projets, le photographe franco-britannique explore les thèmes de la famille, de la transmission et de l’identité.
Lancé en 1955 par Albert Plécy, le prix Niépce Gens d’images fut la première récompense en France à valoriser le travail de photographes professionnels. À l’époque, son fondateur était porté par la volonté d’offrir de la visibilité à des personnes talentueuses et pourtant méconnues du grand public. Depuis lors, chaque année, la distinction s’attache à décorer des artistes confirmés, âgés de moins de 50 ans et d’origine française ou habitant l’Hexagone depuis plus de trois ans. Pour ce faire, un jury composé de figures officiant dans les différents secteurs impliqués dans la réalisation, la production, la critique et l’édition de photographies se réunit pour examiner de nombreux dossiers. Présidé par Héloïse Conésa, conservatrice chargée de la photographie contemporaine à la Bibliothèque nationale de France, celui-ci s’est retrouvé ce mardi 20 mai et s’est accordé sur un nom : celui d’Ed Alcock.
À la recherche de ses origines
« Ma pratique photographique s’inscrit dans une exploration intime et narrative du réel. Elle entend tisser des liens entre l’individu et son environnement affectif, politique ou symbolique », explique Ed Alcock dans la note d’intention de son dossier de candidature. À la lisière du documentaire et de l’autofiction, ses séries proposent une trame fragmentée qui joue avec la lumière et l’ambiguïté des gestes. En creux se perçoivent des échos à son histoire personnelle. « Mes projets, comme Buried Treasure, Love Lane ou The Wait, interrogent les non-dits, les secrets enfouis de ma famille, les failles générationnelles. J’ouvre ainsi un dialogue avec une histoire plus large, celle de la classe ouvrière britannique, dont je suis issu », poursuit-il. Cette approche a particulièrement touché Dominique Gaessler, éditeur d’ouvrages au sein de la maison Trans Photographic Press, qu’il a fondée en 1998, et soutien de l’artiste. « Aux frontières de l’inconscient, son œuvre se développe dans l’oscillation d’un réel extérieur et d’une recherche de ses propres origines », a-t-il écrit dans sa lettre d’introduction.
Ed Alcock aura l’occasion de parler de son travail le 18 juin prochain lors d’un atelier Gens d’Images organisé au sein de l’auditorium de l’ADAGP. Cette dernière, associée à la Picto Foundation et au ministère de la Culture, lui attribue une dotation de 15 000 €. Enfin, la Bibliothèque nationale de France, le Jeu de Paume de Tours et la Galerie Dityvon-Université d’Angers accueilleront tour à tour une exposition de ses tirages. Le public pourra les découvrir entre décembre 2025 et mars 2027.