Édith Laplane et Michaël Serfaty font converger leurs pratiques artistiques dans l’exposition Ni tout à fait la même, ni tout à fait un autre au Musée du Pavillon de Vendôme d’Aix-en-Provence. Le couple explore l’univers féminin et raconte des histoires de corps et leurs histoires plurielles. Jusqu’au 28 avril.
Édith Laplane et Michaël Serfaty ont chacun·e leur pratique artistique. Depuis des années, leurs œuvres se répondent et se complètent. Les deux partagent le même atelier, mais œuvrent différemment. Pour la première fois, le Musée du Pavillon de Vendôme d’Aix-en-Provence les réunit dans une exposition, Ni tout à fait la même, ni tout à fait un autre. Édith Laplane, plasticienne installée à Marseille, travaille avec des matériaux récupérés (tissus, dentelles, papiers, objets chinés…) pour explorer le féminin sous toutes ses formes. La vulve revient dans beaucoup de ses créations, stylisée et interprétée de plein de façons. En utilisant la broderie et la couture, l’artiste reproduit une esthétique qui évoque celle des cabinets de curiosités. Michaël Serfaty est, quant à lui, photographe. Ses images s’intéressent aux sens, aux perceptions et aux traces inscrites dans le corps féminin. « Matières, rugosités, accidents impriment ses photographies […] tel un patient archéologue de l’humain » écrit le galeriste Olivier Bourgoin, de l’agence révélateur. Dans ce parcours d’exposition, les pratiques des deux se rencontrent autour d’une thématique commune : la femme et son corps.
Une désobéissance joyeuse
Qu’est-ce que c’est être une femme ? Telle est la question qui guide le travail d’Édith Laplane, qui a exploré le corps féminin dans ses moindres recoins. Pour mieux le comprendre, elle s’est rapprochée du milieu scientifique et médical, afin de déconstruire la façon dont ces disciplines abordent le féminin. A travers ses formes de vulves, elle aborde frontalement la question du désir et de la sexualité. Dessins, broderies, vidéo, collage, autant de techniques mises au service d’une certaine colère vis-à-vis des inégalités de genre et les tabous qui continuent d’entourer l’existence des femmes et les étapes saillantes de leur vie. Par ces objets détournés, l’artiste donne vie à une désobéissance joyeuse et s’autorise à donner une voix à des récits trop souvent invisibilisés. Avec son compagnon Michaël Serfaty, avec qui elle approfondit l’expérience de « faire couple », Édith Laplane forge, selon les mots de la Conservatrice Élisabeth Chambon, « une relecture transversale du féminin, du corps et du sacré, des mots, source de leur travail et ce, à travers une diversité jubilatoire de médiums. »