Fasciné par la nature, le photographe américain J. Bilhan réinvente la notion de beauté, en sublimant la diversité du corps humain.
« Ma définition de queer ? Je suis un être humain, et tous les autres hommes me ressemblent. Nous mangeons, dormons, explorons et communiquons – verbalement et physiquement. Un queer est quelqu’un qui ne peut pas être rangé dans une boîte »,
explique Joshua Anderson, alias J. Bilhan. Ce jeune photographe texan de 23 ans a commencé la photographie lorsqu’il était enfant, en empruntant le boîtier argentique de sa sœur. Si ses premières tentatives étaient des simples copies de ce qu’il voyait sur Instagram, depuis, « [s]es yeux se sont ouverts ».
L’être humain est au cœur des créations de J. Bilhan. Le photographe éprouve une profonde affection pour la diversité de ses modèles. « Mon approche a tendance à changer, mais elle commence toujours par une rencontre, explique-t-il. Je dois connaître mes sujets, pour les photographier. Il me faut développer une connexion avec eux ». Un lien que l’on devine, en observant les portraits nus qu’il réalise. « Je suis un nudiste, ajoute le photographe. Nager dans l’eau fraîche, me donner à la terre… c’est un véritable bonheur ». Ce rapport au corps décomplexant sublime ses modèles atypiques.
Laisser libre cours à ses désirs
« Je suis souvent attiré par des gens que l’on pourrait qualifier de “vieux”, ou “gros””. L’idée d’un jeune, amoureux d’un vieil homme dérange profondément. Elle est donc cachée, placée dans une boîte, pour que la société ait l’illusion de la contrôler. C’est stupide »,
déclare J. Bilhan. Le photographe n’attache de l’importance qu’à sa propre vision de la beauté. Son objectif ? « Réunir les gens, créer une intimité ». Pour lui, l’art est un moyen de créer des sensations, de représenter sa propre « tribu ». « Qu’avons-nous créé, à part ces industries, et ces sociétés mondialisées ? Pourquoi cette disparité entre l’homme et la nature existe-t-elle ? Pourquoi s’habiller de tissus et se cacher dans des gratte-ciel ? » s’interroge l’auteur. En laissant libre cours à ses désirs, il donne à voir un monde sans préjugé. Un retour à la nature qui lui cause parfois des ennuis. « L’une des mes photos préférées représente Lin et Alain, l’un à la vingtaine et l’autre la soixantaine. Cette image a été retirée quatre fois d’Instagram », confie le photographe. Un couple atypique, et un geste de tendresse qui, pourtant, dérange.
Stigma, beauté classique, corps désirable… Ces notions n’intéressent pas J. Bilhan puisqu’elles sont subjectives. Seuls l’amour et la tolérance rythment ces clichés. « Je capture ce que nous sommes : des humains. Je rends un hommage aux queer, au corps humain. Mon travail est dédié à tous ceux qui voient au-delà de la superficialité, et découvrent la compassion », conclut-il.
© J. Bilhan