Éloge du corps humain

07 février 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Éloge du corps humain

Fasciné par la nature, le photographe américain J. Bilhan réinvente la notion de beauté, en sublimant la diversité du corps humain.

 « Ma définition de queer ? Je suis un être humain, et tous les autres hommes me ressemblent. Nous mangeons, dormons, explorons et communiquons – verbalement et physiquement. Un queer est quelqu’un qui ne peut pas être rangé dans une boîte »,

explique Joshua Anderson, alias J. Bilhan. Ce jeune photographe texan de 23 ans a commencé la photographie lorsqu’il était enfant, en empruntant le boîtier argentique de sa sœur. Si ses premières tentatives étaient des simples copies de ce qu’il voyait sur Instagram, depuis, « [s]es yeux se sont ouverts ».

L’être humain est au cœur des créations de J. Bilhan. Le photographe éprouve une profonde affection pour la diversité de ses modèles. « Mon approche a tendance à changer, mais elle commence toujours par une rencontre, explique-t-il. Je dois connaître mes sujets, pour les photographier. Il me faut développer une connexion avec eux ». Un lien que l’on devine, en observant les portraits nus qu’il réalise. « Je suis un nudiste, ajoute le photographe. Nager dans l’eau fraîche, me donner à la terre… c’est un véritable bonheur ». Ce rapport au corps décomplexant sublime ses modèles atypiques.

Laisser libre cours à ses désirs

« Je suis souvent attiré par des gens que l’on pourrait qualifier de “vieux”, ou “gros””. L’idée d’un jeune, amoureux d’un vieil homme dérange profondément. Elle est donc cachée, placée dans une boîte, pour que la société ait l’illusion de la contrôler. C’est stupide »,

déclare J. Bilhan. Le photographe n’attache de l’importance qu’à sa propre vision de la beauté. Son objectif ? « Réunir les gens, créer une intimité ». Pour lui, l’art est un moyen de créer des sensations, de représenter sa propre « tribu ». « Qu’avons-nous créé, à part ces industries, et ces sociétés mondialisées ? Pourquoi cette disparité entre l’homme et la nature existe-t-elle ? Pourquoi s’habiller de tissus et se cacher dans des gratte-ciel ? » s’interroge l’auteur. En laissant libre cours à ses désirs, il donne à voir un monde sans préjugé. Un retour à la nature qui lui cause parfois des ennuis. « L’une des mes photos préférées représente Lin et Alain, l’un à la vingtaine et l’autre la soixantaine. Cette image a été retirée quatre fois d’Instagram », confie le photographe. Un couple atypique, et un geste de tendresse qui, pourtant, dérange.

Stigma, beauté classique, corps désirable… Ces notions n’intéressent pas J. Bilhan puisqu’elles sont subjectives. Seuls l’amour et la tolérance rythment ces clichés. « Je capture ce que nous sommes : des humains. Je rends un hommage aux queer, au corps humain. Mon travail est dédié à tous ceux qui voient au-delà de la superficialité, et découvrent la compassion », conclut-il.

© J. Bilhan

© J. Bilhan© J. Bilhan

© J. Bilhan© J. Bilhan

© J. Bilhan© J. Bilhan

© J. Bilhan© J. Bilhan© J. Bilhan© J. Bilhan© J. Bilhan

© J. Bilhan

Explorez
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Oxalis (détail), 2024 © Pooya Abassian
Pooya Abbasian remporte la 3e édition du prix Art & Environnement
Lee Ufan Arles et la Maison Guerlain ont annoncé hier, à la Guerlain Academy, le nom du troisième lauréat de leur prix Art &...
08 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #527 : l'être-nature
© Tetsuo Kashiwada / Instagram
La sélection Instagram #527 : l’être-nature
Trop souvent l’être humain s’est pensé extérieur au monde naturel. Capitalisme et mondialisation en sont en partie responsables. Si la...
07 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
The Wave, Jamaica, 2013 © Txema Yeste, courtesy of Galería Alta
InCadaqués 2025 : des images entre le vent et la mer
Du 9 au 26 octobre 2026, le village côtier de Cadaqués, en Catalogne, devient le théâtre du monde de l’image. Quarante photographes, en...
03 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
© Juliette-Andréa Élie / Fondation Avril
Photoclimat 2025 : la photographie au service de l’environnement
Jusqu’au 12 octobre 2025, la 3e édition de la biennale Photoclimat prend ses quartiers à Paris. De la place de la Concorde à celle de...
27 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
Éphémère, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Les images de la semaine du 6 octobre 2025 : expositions automnales
C’est l’heure du récap ! À l’approche des vacances de la Toussaint, les pages de Fisheye vous dévoilent de nouvelles expositions à...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
© Luc Delahaye
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
Luc Delahaye, ancien grand reporter devenu artiste, transforme le regard documentaire en une méditation silencieuse sur le monde. De ses...
11 octobre 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger