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À la suite d’une résidence aux Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières a imaginé Dans le creux des images. Présentée jusqu’au 1er février 2026, il s’agit de la première exposition du musée à dévoiler un travail d’artiste réalisé à partir de ses collections photographiques.
« Cette collection photographique a toujours eu pour vocation de servir les artistes, les artisans, pas forcément pour créer d’autres photos, mais pour les inspirer à concevoir des sculptures, des bronzes, des objets, des tableaux… Ce rapport avec la création vivante fait partie de son identité. J’avais vraiment envie de pouvoir lancer cette résidence à un moment ou à un autre », nous raconte Sébastien Quéquet, attaché de conservation de la collection de photographies du musée des Arts décoratifs de Paris. Si ce souhait semble s’inscrire dans l’essence même de l’institution, c’est une rencontre, dans le cadre de Paris Photo, qui le précisera. Nous sommes alors en 2023 et Guénaëlle de Carbonnières présente Le temps voilé, une série sur la notion de ruine et de disparition, au stand de la Galerie Binome. Au fil de leurs échanges, le conservateur évoque Franck de Villecholle (1816-1906). Ce dernier a composé un ouvrage singulier sur les destructions franciliennes au cours de la guerre franco-allemande de 1870. « Ce qui m’a fascinée, c’est le fait que ce soit presque un livre d’artiste avant l’heure, explique la photographe. On ne sait pas exactement quelle était l’intention de l’auteur, ce n’est ni un objet documentaire ni un objet artistique. On ne comprend pas pourquoi il a superposé plusieurs tirages d’une même image, parfois en les décalant au niveau de leur orientation. Par ailleurs, il se trouve que ce sont des images de destruction collées dans un ancien album de conte de fées. » Cet étonnant palimpseste l’intrigue et apparaît comme une piste de recherches qu’elle explorera plus précisément en avril 2025.
Les réinterprétations de la mémoire collective
Pendant un mois, Guénaëlle de Carbonnières a eu un accès privilégié au fonds photographique des Arts décoratifs par l’entremise de Sébastien Quéquet. « Je lui sortais des boîtes, j’allais en chercher d’autres selon ses envies, selon les fonds, les donateurs ou les photographes que ça convoquait chez moi, explique-t-il. On essayait de consulter de nouvelles archives chaque jour. » L’artiste complète : « Il s’agissait moins d’une résidence de création que d’une immersion où j’étais davantage plongée dans les collections. Pour moi, elles ont été une sorte de grande base de données, une matière première dans laquelle j’ai puisé mon inspiration par la suite. C’était une collaboration constante avec Sébastien et, quand il était un peu moins disponible, j’avais également la possibilité d’aller dans la bibliothèque. »
La suite de cet article est à retrouver dans Fisheye #74.