I See You est la nouvelle exposition du Bildhalle à Amsterdam, en collaboration avec le magazine Harper’s Bazaar, mettant en dialogue 7 artistes du musée avec 7 invité·es. Un format propice à la rencontre, à la valorisation de la pratique collective et aux échanges entre générations d’artistes. À voir jusqu’au 19 octobre.
Avec l’exposition I See You – 14 artists in a dialogue, en collaboration avec Harper’s Bazaar Pays-Bas, le musée Bildhalle initie sa nouvelle saison. La forme même de l’événement brise les diktats de la curation, en mettant en question le rôle parfois centralisateur du ou de la curateur·ice. 7 artistes du Bildhalle invitent 7 artistes de leur choix dont iels admirent le travail. Les œuvres des différents binômes sont présentées à côté, comme dans une rencontre en tête-à-tête. Par ces mises en dialogue entre des artistes, l’intention est de favoriser les connexions, de poursuivre des conversations et de renforcer le sens de la communauté. Le groupe d’hôtes et d’invité·es comprend des talents établis et émergents travaillant dans les domaines de la peinture, du textile, de la céramique et de la photographie. Une différence de carrières et d’approches entendant dégager un sentiment de solidarité entre les générations. Ce format d’exposition, unique en son genre, essaie d’explorer une « véritable connexion ». Il s’agit d’une reconnaissance directe de « l’autre ». D’une part, elle représente la spatialité émotionnelle et physique de la relation entre deux artistes. D’autre part, le titre I See You va au-delà de la relation artistique : il s’agit d’un clin d’œil au partenariat solide entre Miluska van t’Lam (rédactrice en chef de Harper’s Bazaar NL) et Mirjam Cavegn (fondatrice et propriétaire de Bildhalle). Elle reflète également la relation entre la·e spectateurice et l’art.
Se reconnaître dans l’autre
Ce qui émerge de ces rencontres artistiques est l’envie de s’adresser des messages, de tisser des langages communs et de se reconnaître dans l’autre. Dans leur collaboration, Bastiaan Woudt et Nanda Hagenaars travaillent sur la photographie en noir et blanc. Les deux ne s’expriment qu’à travers ce médium, font le choix d’un processus analogique, privilégient le portrait et font preuve d’un rare sens de la composition. « J’ai choisi le travail de Nanda Hagenaars parce qu’il résonne avec ce que je trouve beau, extraordinaire et fascinant dans la photographie, explique le photographe. En tant que grande admirateur de la photographie en noir et blanc, j’apprécie que Nanda, comme moi, travaille exclusivement dans ce médium. »
Cette envie de se voir en miroir, comme si l’on rencontrait une âme sœur, est présente aussi chez Paul Cupido. En parlant de son invitée Eloïse Labarbe-Lafon, il convoque l’imaginaire du cœur : « Coup de cœur est une belle expression française que j’aime beaucoup. Elle signifie quelque chose qui touche directement le cœur – j’en ai fait l’expérience avec le travail d’Eloïse. J’ai été désarmé, j’ai été simplement ému par la joie pure et l’espièglerie, et en même temps, par la démonstration de talent et d’inspiration. » Casper Frassen, quant à lui, choisit de mettre en avant la photographie de Yaël Laroes, son ancienne apprentie à l’école de photographie. Sa rencontre avec la jeune photographe vient bousculer la normativité de ses représentations. « Dans mon travail, j’essaie de capturer ou de traduire des choses, des paysages, des moments ou des danseur·ses qui ont un impact sur moi, qui me fascinent ou que je trouve belles et beaux, explique-t-il. Et pour l’essentiel, cela correspond à une norme esthétique qui est partagée par beaucoup, parce que j’ai grandi en étant influencé par cette norme également. Je pense donc qu’il est très important de voir des œuvres d’artistes qui remettent en question cette norme – de faire de la place ou de soutenir l’art et les artistes qui expriment une autre vision. »