Le lancement du livre est prévu lors de l’exposition Intraccià, au Centre Culturel Una Volta à Bastia, Corse, du 13 juin au 12 juillet 2024. Le livre sera disponible chez Saetta Books, au salon d’édition Mirage qui se tiendra du 1er au 6 juillet pendant les Rencontres d’Arles.
Après six années d’errance, Kamil Zihnioglu dépose ses bagages et nous murmure sa lettre d’amour à la Corse dans sa première monographie intitulée Intraccià. Publiée chez Saetta Books, cette série est une ode à l’illéité qui dessine une carte intime et poétique de son attachement à ce territoire.
« Ici ou ailleurs, comment embrassons-nous un lieu qu’on aime ? » C’est avec cette question en guise de talisman que Kamil Zihnioglu sonde ses liens à l’île de beauté, miroir de ses multiples identités. Photographe français, né d’une mère allemande et d’un père turc, il travaille depuis dix ans comme photojournaliste. À tout juste vingt ans, il couvre déjà l’actualité pour la presse nationale et internationale, notamment avec AP, l’agence de presse américaine. Amoureux de la Corse qu’il fréquente depuis son enfance avec sa famille, il décide, à partir de 2018, de se confronter à ce territoire sur le temps long. « Je voyais beaucoup d’ami·es revenir après leurs études, lassé·es ou ne trouvant pas leur place sur le continent. Je me suis alors demandé qu’est-ce qui les unit à ce territoire ? Que signifie être Corse ? Quels en sont les facteurs culturels ? » se questionne-t-il.
Une envie d’enracinement
Il démarre cette série avec pour angle la jeunesse de l’île et les mouvements nationalistes. Après plusieurs séjours, il quitte Paris en 2020 pour « ancrer [s]es deux pieds, comprendre, ressentir et vivre ce territoire ». En 2021, il obtient deux distinctions prestigieuses afin de poursuivre ce travail, la bourse pour la photographie documentaire du Centre Nationale des Arts Plastiques et la grande commande publique Radioscopie de la France, pilotée par la BnF. Pendant plusieurs années, il mène une quête qui lui semble sans fin sur les traces de l’identité corse, le conduisant de processions religieuses, en fêtes de villages, suivant ses proches dans leur quotidien ou couvrant des événements politiques majeurs comme la mort d’Yvan Colonna. Tant et si bien qu’il finit par s’y perdre, ne sachant plus trop ce qu’il était venu y chercher.
C’est au cours d’une lecture de portfolio avec la curatrice Taous Dahmani que sa démarche s’éclaire « elle m’a dit qu’elle comprenait cette quête identitaire et mon envie d’enracinement à ce territoire, mais ce qu’elle ressentait vraiment et que je ne disais pas, c’était simplement mon amour pour cette île et ses habitant·es. Cela a remis ma boussole en place. » confit-il. Ses images aux tons chauds comme gorgées de Méditerranée sont autant de fragments qui recomposent son île intérieure. Symboles païens et modernes se côtoient, peuplées de regards francs laissant entrevoir la place du photographe dans ce décor où la nature se contemple comme à l’aube des temps. A travers cette expérience intime, Kamil Zihnioglu n’oublie pas de tendre à l’universel. A la fin de son ouvrage, il met en perspective l’expérience insulaire à travers les mots de la sociologue Anne Meistersheim, elle-même habitante adoptée de la Corse.