De son road trip en Géorgie, Marine Billet rapporte des souvenirs inoubliables, des panoramas brumeux aux décors plus intimes. Autant de « secrets » qu’elle grave dans son esprit et immortalise de son boîtier.
« C’est un voyage prévu depuis quatre ans, qui a sans cesse été reporté », confie Marine Billet. Et puis un jour, accompagnée de son petit ami, elle part, en direction de la Géorgie. Le pays, relativement épargné par le tourisme de masse, la fascine. Dans un 4×4 aménagé, elle se lance à la découverte des paysages, le long des routes désertes, tandis que des vies et des espaces inconnus défilent sous ses yeux. « On peut traverser le pays en une journée, c’est assez pratique. En ce temps, on s’imprègne des influences de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Turquie, de la Russie et des panoramas de la mer noire », précise-t-elle. Malgré la frustration d’observer des scènes par la vitre, incapable de les saisir, lancée à pleine vitesse, elle parvient à extraire des espaces des capsules d’émotions aussi intenses qu’intimes. Un rayon de soleil sur un tapis tissé, la blancheur d’une nappe accueillant un déjeuner, les montagnes à perte de vue, les nervures d’une feuille, le pelage d’une vache… Jouant avec les nuances et les textures, Marine Billet compose son propre journal visuel, ancrant dans chaque cliché des souvenirs d’un voyage longtemps désiré. Alors, malgré la solitude du périple et l’envie de nouer des liens, malgré les imprévus et les accidents, la magie opère. Elle apparaît dans les yeux d’un vieil homme rencontré dans un brouillard enneigé, au fond d’un bol d’une soupe chaude venant réchauffer les mains ou face au rouge vif d’une balle perdue dans un ruisseau. Autant d’éléments qui nourrissent la pratique de l’autrice : « cela me fait penser à une scène très classique : lorsqu’on marche seul·e sur une plage, perdu·e dans ses pensées. Le long de la promenade, on ramasse des bouts de bois flotté, des galets, du verre dépoli, mais pourquoi ? Est-ce justement pour se souvenir de ce moment ? Se souvenir de cet endroit ? », s’interroge-t-elle.