Le flou peut transformer, voiler ou révéler ce qui habite une image. Les photographes de notre sélection Instagram de la semaine jouent de cette absence de netteté, des mouvements et formes qu’elle engendre pour nous présenter des univers oscillant entre onirisme et abstraction.
@frankrossi.studio
Les photographies de Frank Rossi ne se laissent pas saisir. Le mouvement, au cœur de sa démarche artistique, dissout les corps et décompose l’espace de l’image, la tirant progressivement vers l’abstraction. Les êtres fantomatiques qui l’habitent échappent au regard et participent à perturber notre vision. Car c’est bien de cela dont il s’agit chez Frank Rossi : bouleverser notre rapport au réel, ici appréhendé comme un flux constant dont on ne peut pas même retenir un instant.
@shkeltsya
Natalia Filatova côtoie le surréel au travers de ses polaroids. L’utilisation de la double exposition associée à une grande ouverture lui permet de produire des scènes quasi spectrales. Les passant·es qu’elle capture se transforment en des êtres évanescents aux contours incertains, flottant dans un désert blanc. Ses interventions physiques sur le support de l’image contribuent à créer un monde surnaturel, donnant aux paysages et portraits qu’elle photographie un caractère onirique et parfois même inquiétant, que l’emploi de couleurs artificielles vient renforcer.
@danielrampulla
Daniel Rampulla pose un regard délicat sur les hommes dont il tire le portrait et représente à travers eux une masculinité laissant place à la douceur et à la vulnérabilité. Leurs corps à moitié nus se mêlent à une nature en noir et blanc. Fleurs et plantes viennent dessiner des ombres sur leur dos ou dissimuler leur visage. Ils se fondent tantôt même complètement avec l’élément naturel, comme dans cette photographie où l’utilisation du flou entraîne la disparition des contours délimitant l’individu et l’eau dans laquelle il baigne. Chez Daniel Rampulla, la silhouette nette cède aux formes libres.
@ulrikewidmann.photography
Le réel devient un monde abstrait dans les photographies d’Ulrike Widmann. Si l’artiste le laisse de temps en temps transparaître, la majorité de ses images font disparaître tout élément figuratif au profit de la couleur et du mouvement, unis par un flou de bougé et cinétique. Lumières et teintes saturées dansent ensemble dans ces tableaux luminescents.
@nadine_milzner
Nadine Milzner sillonne les paysages et capture les visages. Elle dévoile une nature dont le caractère mystérieux envahit l’image. Souvent en noir et blanc, ses grains apparents renforcent l’aspect nébuleux de ces lieux et des personnages qui y figurent. La couleur, quand elle est présente, surprend par sa teinte et sa beauté. La présence du flou entraîne l’espace photographique dans un songe paisible mais étrange.