Laurence Philomène : trans formations

30 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Laurence Philomène : trans formations
© Laurence Philomène
© Laurence Philomène

Dans Puberty, Laurence Philomène a documenté son parcours de personne trans non binaire. Cette série au titre évocateur a fait l’objet d’un ouvrage du même nom, publié aux éditions Yoffy Press.

« Lorsque je conçois des photographies, je me demande toujours : quel genre d’images je voudrais que mon futur moi puisse regarder ? Qu’est-ce que je veux laisser aux générations à venir ? Mon travail se situe à la frontière entre souvenirs personnels et collectifs, car j’aime utiliser des éléments visuels qu’un éventail d’individus peuvent apprécier et auxquels ils peuvent s’identifier, à leur manière. L’idée de pouvoir constituer des archives ancrées dans la tradition de l’histoire queer racontée à la première personne me plaît aussi », explique Laurence Philomène. Dans Puberty, l’artiste originaire de Montréal a documenté son parcours de personne trans non binaire évoluant avec plusieurs maladies chroniques. De 2019 à 2021, iel a ainsi immortalisé un quotidien rythmé par la prise d’un traitement hormonal substitutif et de testostérone, une période perçue, comme le suggère le titre de la série, comme une seconde puberté salvatrice. Après quelques mois, iel a décidé de diffuser ses autoportraits en les complétant de légendes manuscrites et d’extraits de son journal. « Je souhaitais envisager la transition d’un point de vue non binaire, sans objectif fixe si ce n’est celui de me sentir à l’aise dans mon corps, se souvient-iel. Laisser un témoignage de ce qu’était notre vie dans l’Amérique du Nord au début des années 2020 a été une grande source de motivation. »

© Laurence Philomène
© Laurence Philomène

Un langage émotionnel

Se succédant à la manière d’une fresque, ses compositions transportent celui ou celle qui contemple dans un univers aux nuances vibrantes, « comme un langage émotionnel » qui participe à créer une atmosphère. Réalisées à son domicile, en studio ou à l’étranger, les images se veulent rassurantes dans leur authenticité. « L’objectif de ce projet était d’examiner la vie trans à partir d’un angle large qui ne se limite pas seulement aux changements physiques. J’avais envie de décrire une expérience complète, compliquée, désordonnée et belle, d’offrir une représentation aux personnes non binaires et d’étudier l’identité de genre au-delà des normes et attentes binaires », précise-t-iel. 

La suite de cet article est à retrouver dans Fisheye #65.

© Laurence Philomène
© Laurence Philomène
© Laurence Philomène
À lire aussi
Melody Melamed : corps, peaux, âmes
© Melody Melamed
Melody Melamed : corps, peaux, âmes
Inspirée par une utopie où tout ne serait qu’harmonie, Melody Melamed compose Shangri-La: The Book of Skin, un ouvrage où les peaux…
23 mai 2024   •  
Écrit par Ana Corderot
Quand la photo fait du genre
© Jean Ranobrac, modèle : Cody, série Men on Canvas
Quand la photo fait du genre
La communauté LGBTQIA+ s’est emparée de la photographie dès son invention, au 19e siècle. Le médium s’impose comme un support de…
09 mai 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Explorez
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
© Julie Charbonnier
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
Julie Charbonnier et Melina Barberi, nos coups de cœur de la semaine, nous plongent dans deux univers distincts. La première revient sur...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Achtung Kultur : une déclinaison de l'intime par la jeune création allemande
© Anna Streidl
Achtung Kultur : une déclinaison de l’intime par la jeune création allemande
Jusqu’au 17 mai 2025, l’association Achtung Kultur célèbre la création émergente au Consulat général d’Allemagne de Bordeaux....
25 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
© Sander Coers
Eulogy : Sander Coers et les traumatismes intergénérationnels
Au fil de ses projets, Sander Coers sonde la mémoire en s’intéressant notamment à l’influence que nos souvenirs exercent sur notre...
19 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Patricia Voulgaris, entre rêves et réminiscences
© Patricia Voulgaris
Patricia Voulgaris, entre rêves et réminiscences
L’artiste Patricia Voulgaris ancre sa pratique dans un dialogue entre réalité et fiction. À travers le noir et blanc, elle crée...
16 avril 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Issei Suda, chroniqueur d’un Japon entre deux mondes
© Issei Suda
Issei Suda, chroniqueur d’un Japon entre deux mondes
Le Centre de la photographie de Mougins présente, jusqu'au 8 juin 2025, une exposition sur le photographe japonais iconique Issei Suda.
29 avril 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #504 : à l'ouvrage
© mr.lyrics989 / Instagram
La sélection Instagram #504 : à l’ouvrage
Jeudi, c’est la fête des travailleur·ses. Nous leur accordons un hommage tout en image dans notre sélection Instagram de la semaine....
29 avril 2025   •  
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
© Aletheia Casey
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil d’Aletheia Casey, dont nous vous avons déjà parlé il y a quelques mois. Pour Fisheye, elle...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
© Julie Charbonnier
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
Julie Charbonnier et Melina Barberi, nos coups de cœur de la semaine, nous plongent dans deux univers distincts. La première revient sur...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet