Dans Puberty, Laurence Philomène a documenté son parcours de personne trans non binaire. Cette série au titre évocateur a fait l’objet d’un ouvrage du même nom, publié aux éditions Yoffy Press.
« Lorsque je conçois des photographies, je me demande toujours : quel genre d’images je voudrais que mon futur moi puisse regarder ? Qu’est-ce que je veux laisser aux générations à venir ? Mon travail se situe à la frontière entre souvenirs personnels et collectifs, car j’aime utiliser des éléments visuels qu’un éventail d’individus peuvent apprécier et auxquels ils peuvent s’identifier, à leur manière. L’idée de pouvoir constituer des archives ancrées dans la tradition de l’histoire queer racontée à la première personne me plaît aussi », explique Laurence Philomène. Dans Puberty, l’artiste originaire de Montréal a documenté son parcours de personne trans non binaire évoluant avec plusieurs maladies chroniques. De 2019 à 2021, iel a ainsi immortalisé un quotidien rythmé par la prise d’un traitement hormonal substitutif et de testostérone, une période perçue, comme le suggère le titre de la série, comme une seconde puberté salvatrice. Après quelques mois, iel a décidé de diffuser ses autoportraits en les complétant de légendes manuscrites et d’extraits de son journal. « Je souhaitais envisager la transition d’un point de vue non binaire, sans objectif fixe si ce n’est celui de me sentir à l’aise dans mon corps, se souvient-iel. Laisser un témoignage de ce qu’était notre vie dans l’Amérique du Nord au début des années 2020 a été une grande source de motivation. »
Un langage émotionnel
Se succédant à la manière d’une fresque, ses compositions transportent celui ou celle qui contemple dans un univers aux nuances vibrantes, « comme un langage émotionnel » qui participe à créer une atmosphère. Réalisées à son domicile, en studio ou à l’étranger, les images se veulent rassurantes dans leur authenticité. « L’objectif de ce projet était d’examiner la vie trans à partir d’un angle large qui ne se limite pas seulement aux changements physiques. J’avais envie de décrire une expérience complète, compliquée, désordonnée et belle, d’offrir une représentation aux personnes non binaires et d’étudier l’identité de genre au-delà des normes et attentes binaires », précise-t-iel.
La suite de cet article est à retrouver dans Fisheye #65.