Jusqu’au 28 octobre, Transfo, l’espace d’exposition d’Emmaüs Solidarité, accueille Missingu, une installation de Laurent Lafolie. Par un jeu de tissus et de transparences, elle nous confronte à des portraits frontaux, qui interrogent la possibilité d’une société sensible.
Transfo est un espace unique dans son genre. Fondé par Emmaüs Solidarité dans le 10e arrondissement de Paris, il est au cœur d’un centre d’hébergement d’urgence. La programmation tourne, depuis toujours autour de la création contemporaine, la lutte contre l’exclusion et l’engagement citoyen. Jusqu’au 28 octobre, le centre accueille Missingu (2010-2023), une exposition de Laurent Lafolie, artiste emblématique d’un courant de contre-culture photographique. Ses œuvres jouent avec notre perception et modifient notre rapport à l’image, en le rendant multisensoriel. De simples tirages, elles deviennent des véritables installations. C’est donc sous la verrière de Transfo que Lafolie installe ces visages en suspension, flottant sur un tissu transparent. Ils nous interpellent, sans équivoques, en nous offrant la possibilité d’un monde sensible qui ne fuit pas les émotions et renoue avec un sens d’humanité.
Transfo : une programmation engagée et citoyenne
Situé dans la rue Jacques Louvel-Tessier, Transfo-Emmaüs Solidarité peut accueillir jusqu’à 54 personnes sans-abri. L’espace dispose également d’un auditorium, d’ateliers au rez-de-chaussée ainsi que d’un espace d’expositions à l’étage. Selon les mots de Vincent Sabourin, responsable communication, culture et mécénat de l’association, interrogé par le Quotidien de l’Art, l’enjeu pour le centre est de donner vie à une programmation qui unit « la création contemporaine, la lutte contre l’exclusion et l’engagement citoyen ». La médiation de l’espace est assurée par des personnes en insertion professionnelle, exclues du marché du travail car se trouvant en situation de précarité humanitaire. Les habitant·es du lieu sont ainsi invité·es à se l’approprier, à participer à ses activités ou à en proposer. Avec l’exposition Missingu, le photographe Laurent Lafolie veut donner libre cours à l’expression d’une contre-culture photographique, profondément humaniste, explorant des langages capables de la rendre plus accessibles et près du réel. Ainsi, son installation est une invitation à imaginer un monde où l’humanité serait encore capable de s’émouvoir. Avant Lafolie, le centre a exposé les œuvres d’artistes comme Jacob Khrist, Nil Yalter, Abdul Saboor ou encore Vera Molnár. En novembre, le centre accueillera Annette Messager. Des artistes qui selon Vincent Sabourin, « par leurs actions ou propos dans leur travail, montrent l’engagement de l’art contre l’exclusion ».