Entre nostalgie et humour, le photographe belge Pascal Sgro saisit, dans sa série en cours Le Jardin du Lunch, la bienveillante laideur d’un restaurant franchisé où il a mangé toute son enfance.
Les madeleines de Proust se trouvent parfois dans les centres commerciaux. Lorsque Pascal Sgro, photographe de 26 ans, tombe par hasard sur l’enseigne de la chaine Le jardin du Lunch, les souvenirs ressurgissent. Ceux des « des sorties en famille à manger des boulettes sauce tomate et purée. » « J’ai commandé le même plat et je l’ai pris en photo. Il y avait un fort pouvoir esthétique dans ce plat montré dans sa pure simplicité, quelque chose de très beau », poursuit-il. Charlotte sur la tête – seule condition de la responsable pour qu’il s’immisce partout – Pascal Sgro saisit, au Leica M, 33mm, la symétrie des lieux comme la laideur reposante d’un mobilier mis au service de client·es de passage. Admirateur de Stephen Shore, mais aussi de l’humour de Martin Parr ou de Lars Tunbjörk, l’auteur cherche ici, au flash, la mise à plat, la saveur volontairement terne : « ce qui m’inspire également, ce sont les odeurs des plats cuisinés par ma famille, la nostalgie évoquée par des photos kitsch de mets aux designs de menu parfois douteux », ajoute-t-il. Entre portraits de client·es dans leurs franches bonhommies et du personnel forcément souriant, Le Jardin du Lunch dévoile ainsi un lieu d’un seul tenant, écrin de fadeur reposant, pour toujours fidèle à lui-même. « Au milieu de cette quête inlassable de nouveauté, peut-être qu’il répond précisément aux attentes de nombreuses personnes : une pause, un retour à des plaisirs simples et familiers, un moment pour se rappeler que la simplicité peut parfois être inestimable » conclut-il.