Sandra Loza et Sabatina Leccia, nos coups de cœur #461, utilisent le médium à des fins d’exploration. La première essaye de se reconstruire en sondant son passé familial quand la seconde expérimente avec la matière pour lui offrir d’autres contours.
Sandra Loza
« J’ai découvert la photographie grâce à ma mère, qui était également photographe. Mes premiers souvenirs avec le médium sont directement liés au bruit de l’obturateur et à l’état d’immobilité et de vigilance qu’il instaure. Cependant, je suis tombée amoureuse de la photographie des années plus tard en découvrant les œuvres d’artistes comme Justine Kurland, Trent Park ou Ryan McGinley », confie Sandra Loza. Dans Ojos que conocierion la misma guerra, cette dernière se livre à une quête de ses origines, abordant notamment le sujet de la perte d’un être cher. À cet effet, l’ingénieure de formation entremêle photographies d’époque et objets de ses proches à des compositions recréées à partir de réminiscences de son enfance, qui se sont nécessairement transformées au fil du temps. « Ce projet se concentre sur l’idée que la maison et la famille constituent un ensemble de vestiges. La recherche constante de ce qui a été détruit permet de bâtir un nouveau foyer à l’aide de ces fragments », explique-t-elle. À travers ce processus, l’artiste mexicaine essaye de comprendre comment les évènements du passé ont irrémédiablement façonné son identité pour mieux renouer avec un sentiment d’appartenance à sa lignée.
Sabatina Leccia
Évoluant depuis son plus jeune âge dans un milieu traversé par la beauté des images, Sabatina Leccia a décidé d’intégrer le 8e art dans son processus créatif après avoir obtenu la bourse Transverse 2022 aux côtés de Clara Chichin. « À la suite de notre collaboration, j’ai tout de suite voulu expérimenter la matière photo avec les techniques que j’utilisais auparavant dans mes dessins contemporains, à savoir la broderie ou le perçage du papier à l’aiguille. Je trouve qu’elles viennent sublimer et poétiser certainement les détails », affirme-t-elle. Donnant à voir tantôt l’écume tantôt les nuages moutonneux, ses compositions chimériques invitent à s’adonner « à la déambulation onirique ». « Je suis originaire du cap Corse et, enfant, j’ai passé des heures entières à contempler ces montagnes qui se jettent dans la mer, regarder les couleurs du ciel et les formes évanescentes des nuages. Dans mon travail artistique en général, dans mes œuvres brodées comme dans mes photos, j’essaie de m’affranchir de la technique pure qui nous emprisonne trop souvent dans une parfaite maîtrise et entrave l’expérimentation. J’aime les accidents, les images altérées, j’aime éprouver la matière de manière sensible et poétique », poursuit-elle. Sélectionnées pour la biennale de l’Image Tangible 2023, son binôme et elle présenteront prochainement quelques pièces de leur projet Le Bruissement entre les murs à la galerie AHAA.