Nos coups de cœur de la semaine, Marina Duong et Louis Westerloppe se servent du médium comme une échappatoire dans leur quotidien. Tandis que l’une compose des images à l’allure cinématographique, l’autre capture des souvenirs poétiques tout en discrétion et délicatesse.
Marina Duong
À l’âge de 10 ans, Marina Duong photographiait des mises en scène de ses poupées dans le jardin de la maison familiale et déambulait dans la rue afin de capturer le « monde de géants » qui l’entourait. Elle partageait ensuite son univers visuel sur un blog dédié aux enfants. « La pratique était naïve à l’époque, mais avec du recul je réalise qu’il s’agissait d’une réelle échappatoire d’un quotidien familial chaotique, et d’une anxiété sociale qui m’isolait beaucoup des autres. C’était aussi une manière de me faire des ami·es, certes à travers un écran, mais que j’ai pu rencontrer pour certain·es », confie l’artiste d’origine franco-vietnamienne. Les années défilent et le médium reste une bulle d’oxygène dans sa vie. Après des études d’ingénieur peu passionnantes, elle met un terme à son cursus en 2022 afin d’expérimenter librement sa pratique artistique de façon « autodidacte et intuitive ». Décrivant son univers comme « sensible, luminescent et pénombral », la photographe âgée de 23 ans compose un monde cinématographique où se croisent des visuels nocturnes mystiques et de délicats portraits de son entourage. « Je n’ai jamais photographié de modèles professionnel·les mais toujours des ami·es ou des amours. Il n’y a rien de plus touchant que quelqu’un qui te dit après l’envoi des clichés : « je me trouve beau/belle dans tes yeux » », témoigne-t-elle. À l’instar de ses inspirations telles que Petra Collins, Summer Wagner, Michel Gondry ou la photographie du film Virgin Suicides de Sofia Coppola, Marina Duong construit, petit à petit, un panorama d’images méditatives qui envoûtent notre regard.
Louis Westerloppe
« J’ai commencé la photographie il y a deux ans, en quête de sens, j’essayais de trouver une échappatoire créative pour exprimer mes pensées. Comment créer et surprendre avec des scènes du quotidien ? C’est un challenge qui me plaît et que j’essaye de relever tous les jours », explique Louis Westerloppe, passionné par les échecs et le 8e art. À la manière d’un fantôme, le photographe de 26 ans suit à la dérobée ses ami·es et même des inconnu·es afin de saisir des instants d’intimité, de liberté ou de poésie. Il se remémore alors un jeu qu’il pratiquait avec une amie : « On était assis sur un banc, devant une bibliothèque, et pour chaque personne qui en sortait, nous devions deviner son nom, son métier, ses amours, sa journée. J’aspire à reproduire cette occupation au travers de mes photos. » Pendant ces deux premières années de pratique, le boîtier de Louis Westerloppe a traversé 16 pays, depuis le sommet du mont Kenya jusqu’à la Marmara en Turquie. En capturant les paysages et difficultés rencontrées lors de ses voyages, le photographe autodidacte trace un récit visuel captivant et saisit des anecdotes impérissables comme ce cliché nocturne d’une silhouette féminine, de dos, face à une immense vague. « Il s’agit d’une personne que j’ai aimée. Un moment à Istanbul où le temps s’arrête avant que la mer emporte les souvenirs », conclut Louis Westerloppe.