Chloé Kerleroux et Guillaume Masselin, nos coups de cœur #474, explorent une vie faite de disparitions et d’apparitions et donnent à voir l’étrangeté de la métamorphose avec délicatesse et sensibilité.
Chloé Kerleroux
« De Tepito à Mexico, en passant par les villages gitans de Perouchtitsa en Bulgarie, la foire aux chevaux gipsies d’Appleby et les cowboys créoles de Louisiane, je m’intéresse aux cultures peu représentées et à leurs spécificités à la fois ethniques, religieuses, linguistiques, territoriales et tribales. Par le biais de mes images, je m’emploie à rendre compte des mémoires collectives et de cultures fortes », explique Chloé Kerleroux. Cette photographe bretonne installée à Paris, entièrement autodidacte, découvre le médium dans un cadre privilégié : celui d’un refuge birman. Là-bas, isolée au milieu des montagnes, un tournant s’opère dans sa vie. « Un nouveau monde s’est ouvert à moi, loin de ma zone de confort, élargissant mon champ d’action », se souvient-elle. Depuis, Chloé Kerleroux ne se sépare plus de son objectif. Un outil dont elle se sert pour s’ouvrir au monde, et élargir sa liberté. Cela ne l’empêche pas de qualifier sa pratique d’« obsessionnelle », puisque l’image est pour elle d’abord affaire de constantes, en particulier pour comprendre « comment certaines cultures ancestrales parviennent à survivre aux pressions du monde moderne, qu’elles soient sociales, environnementales, technologiques ou politiques », précise-t-elle. Ses images consistent ainsi en une exploration sans cesse renouvelée des notions de mondes anciens et nouveaux, de métissage, de communautés, ou encore d’authenticité.
Guillaume Masselin
« J’ai commencé à utiliser le médium en 2021, un peu par hasard. Il se trouve que j’avais offert un boîtier à une amie pour son anniversaire et qu’en même temps, je m’en suis acheté un. Prendre des photos a été comme un prétexte pour découvrir le monde », explique Guillaume Masselin. Originaire de Saint-Étienne et désormais installé en région parisienne, le photographe a imaginé Dialogues intérieurs. Comme l’indique son nom, la série fait écho à des interrogations personnelles qui accompagnent sa pratique. « À force de manier, de rassembler mes photos, des thèmes récurrents me sont parvenus progressivement, précise-t-il. Ces images me renvoient à des associations particulières. Dans presque chacune d’entre elles, j’y vois une partie de moi-même ou de mon passé, représentée par notions. » Parmi elles se trouvent l’opposition entre l’intérieur et l’extérieur, qu’il perçoit « comme une exploration », la perte de repères et l’absence. « Je suis fasciné par la délicatesse qui se retrouve dans la douceur, la retenue, le doute, le trouble, le mystère, le mystique, le vide. Ce sont des beautés étranges, des synthèses intenses. Quand je regarde une œuvre, j’aime la sensation qu’elle me fasse sortir de moi, sans en connaître exactement les raisons », conclut-il.