Les coups de cœur #495 : Victoria Vinas et Evgeniya Strygina

03 juin 2024   •  
Les coups de cœur #495 : Victoria Vinas et Evgeniya Strygina
© Victoria Vinas
© Victoria Vinas, La Fille du Marais (Eva Margail)

Victoria Vinas et Evgeniya Strygina, nos coups de cœur de la semaine, appréhendent la photographie comme une manière de répondre aux évènements qu’elles traversent. La première donne à voir la diversité des êtres quand la seconde traduit son expérience altérée du monde.

Victoria Vinas

Après des études d’infirmière et un travail en tant qu’auxiliaire de vie, Victoria Vinas fait la rencontre de la photographie dans un contexte inattendu : lors de son passage au Conservatoire du Maquillage, qu’elle entreprend afin de devenir maquilleuse de cinéma. « J’ai le sentiment que mon approche du 8e art s’est en partie construite en réaction à ce que l’on apprenait en école de maquillage, affirme-t-elle. Et en effet, ce ne sont pas les standards de beauté érigés par la société, mais bien la diversité des visages et des corps – capables de raconter une existence – qui l’intrigue. Celle dont elle aura fait la connaissance, parmi les modèles qu’elle maquillait et les patient·es qu’elle avait à sa charge. « De là vient sans doute mon besoin de créer des personnages fictifs à partir de corps qui racontent tout ce que les mots ne disent pas, des corps dans lesquels je peux projeter ma propre fantaisie », poursuit-t-elle. Victoria Vinas explore un langage pris entre le film et le portrait, dans des décors baroques et des mises en scène picturales étranges, en clair-obscur.

© Victoria Vinas, L’Endormie (Eugénie Drion)
© Victoria Vinas, Le Gardien (Etienne Mouillet)
© Victoria Vinas, Hada (Elaura Louisa)
© Victoria Vinas
© Evgeniya Strygina

Evgeniya Strygina

Artiste déracinée désormais installée à Londres, Evgeniya Strygina utilise son boîtier pour interroger la notion de chez soi tout comme les thèmes de la migration, de l’urbanisation et du paysage contemporain. « Mes images sont à la fois une expérience de déconstruction de la réalité et une quête vers une harmonie tranquille dans nos existences tumultueuses », résume-t-elle. S’inscrivant dans ce sillage, sa série I Am Drowning a émergé lors d’une période de trouble. « À ce moment-là, tous mes organes de perception semblaient dysfonctionner. Je faisais face à un sentiment de dépersonnalisation et de déréalisation. C’était comme si je n’étais pas vraiment présente dans les événements qui se produisaient autour de moi. Je voulais donc transmettre une vision du monde à travers une lentille brisée », explique-t-elle. Ses compositions laissent paraître des silhouettes presque indiscernables, noyées dans une brume épaisse. Dans le flou se dessine un mouvement rapide que l’on ne parvient plus à suivre. Les clichés témoignent ainsi tour à tour de la perte de repères à laquelle a dû faire face la photographe.

© Evgeniya Strygina
© Evgeniya Strygina
© Evgeniya Strygina
© Evgeniya Strygina
© Evgeniya Strygina
À lire aussi
Pour les beaux yeux de Carlijn Jacobs
© Carlijn Jacobs
Pour les beaux yeux de Carlijn Jacobs
Dans EYES, projet paru le 6 septembre dernier auprès de Note Note Éditions, la photographe de renom Carlijn Jacobs partage ses jeux…
16 septembre 2023   •  
Écrit par Milena III
Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor
© Salome Jishkariani
Les coups de cœur #494 : Salome Jishkariani et Luthor
Salome Jishkariani et Luthor, nos coups de cœur de cette semaine, emploient le 8e art pour sonder le monde qui les environne. Si la…
27 mai 2024   •  
Explorez
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
© Valentine de Villemeur
Dans l’œil de Valentine de Villemeur : un réfrigérateur révélateur
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Valentine de Villemeur. La photographe a consigné le parcours de sa procréation...
01 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Yu Hsuan Chang : des femmes et des montagnes
G-Book © Yu Hsuan Chang
Yu Hsuan Chang : des femmes et des montagnes
Dans des collectes effrénées d’images, la photographe taïwanaise Yu Hsuan Chang transcrit autant la beauté de son pays que la puissance...
25 août 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #520 : à fleur de peau
© Neoklis Delegos / Instagram
La sélection Instagram #520 : à fleur de peau
Il est un sens dont on ne peut se passer : le toucher. La peau, point de contact entre soi et l’autre, devient un intermédiaire. Les...
19 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
Diverses espèces de requins, dont certaines sont menacées d'extinction, tandis que d'autres sont classées comme vulnérables, ont été ramenées à terre à l'aube par des pêcheurs commerciaux au port de Tanjung Luar, le lundi 9 juin 2025, à Lombok Est, en Indonésie. Tanjung Luar est l'un des plus grands marchés de requins en Indonésie et en Asie du Sud-Est, d'où les ailerons de requins sont exportés vers d'autres marchés asiatiques, principalement Hong Kong et la Chine, où les os sont utilisés dans des produits cosmétiques également vendus en Chine. La viande et la peau de requin sont consommées localement comme une importante source de protéines. Ces dernières années, face aux vives critiques suscitées par l'industrie non réglementée de la pêche au requin, le gouvernement indonésien a cherché à mettre en place des contrôles plus stricts sur la chasse commerciale des requins afin de trouver un équilibre entre les besoins des pêcheurs et la nécessité de protéger les populations de requins en déclin © Nicole Tung pour la Fondation Carmignac.
Nicole Tung, ultime lauréate du Prix Carmignac !
La lauréate de la 15e édition du Prix Carmignac vient d’être révélée : il s’agit de la photojournaliste Nicole Tung. Pendant neuf mois...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
RongRong & inri : « L'appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Personal Letters, Beijing 2000 No.1 © RongRong & inri
RongRong & inri : « L’appareil photo offre un regard objectif sur le sentiment amoureux »
Le couple d’artiste sino‑japonais RongRong & inri, fondateur du centre d’art photographique Three Shadows, ouvert en 2007 à Beijing...
04 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Sein und werden Être et devenir. FREELENS HAMBURG PORTFOLIO REVIEWS © Simon Gerliner
Les expositions photo à ne pas manquer en 2025
Les expositions photographiques se comptent par dizaines, en France comme à l’étranger. Les artistes présentent autant d’écritures que de...
03 septembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les Femmes et la mer : mondes liquides
© Louise A. Depaume, Trouble / courtesy of the artist and festival Les Femmes et la mer
Les Femmes et la mer : mondes liquides
Cette année, le festival photographique du Guilvinec, dans le Finistère, prend un nouveau nom le temps de l'été : Les femmes et la mer....
03 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III