Romain Ruiz et Julián Cárdenas, nos coups de cœur de la semaine, explorent le monde extérieur pour trouver l’inspiration. Le premier sillonne la France quand le second se perd dans les rues de New York.
Romain Ruiz
Inspiré par des choses aussi éclectiques que la littérature fantastique, le réalisme magique, la sociologie ou les enquêtes immersives sur la France et le monde rural, Romain Ruiz poursuit depuis quelques temps déjà l’objectif de porter un regard sur une France rarement vue. France Parallaxe, série au long cours, naît d’un désir de documenter les évènement culturels, religieux et folkloriques qui rythment la vie de campagnes hexagonales. « Ces moments jouent ainsi un rôle essentiel dans la construction des identités locales », affirme-t-il. « Je tends à capturer l’évolution de ces rites, m’immerge dans les cérémonies et les cortèges, capture des moments d’intimité, de légèreté et d’humour et à la recherche de compositions brutes, chargées et baroques », raconte-t-il. L’emploi du flash, de même que la dimension ésotérique des célébrations, lui permettent d’explorer les frontières entre le réel et le surnaturel. « Ces contrastes créent une véritable “cassure” de la réalité, dans laquelle des personnages fantastiques de contes viennent s’immiscer », explique-t-il. Situé entre le réaliste et l’onirique, le travail photographique de Romain Ruiz étonne, et offre une visibilité à une diversité souvent méconnue.
Julián Cárdenas
Dans des monochromes jouant avec les lumières et les ombres se révèle l’intensité de New York. Les silhouettes qui s’affairent dans les rues comme les gratte-ciel peuplés d’une multitude d’individus cristallisent une solitude moderne. Les rares visages qui nous font face sont rendus flous par le mouvement incessant, comme pour signifier le trouble. Pour cette série, Julián Cárdenas, à l’origine de ces images, s’est intéressé aux caractéristiques extérieures du silence, à « ces moments de tensions internes » qui nous habitent. « Ma nécessité de prendre des photos vient de la vie elle-même, des émotions et des sentiments que je trouve dans les paysages ou les personnes qui me touchent. Et, bien sûr, la mort m’inspire. Tout meurt, sauf l’art », explique-t-il. Établi en Colombie et plus précisément à Bogota, ville qui l’a vu naître et grandir, le photographe perçoit ainsi son médium comme une autre manière d’écrire de la poésie.